La 26e édition des journées de l'entreprise a démarré, hier, à Sousse: une édition qui se tient sous le thème suivant «L'entreprise et le schéma de développement : engagement et équité», et qui tente ainsi de coller de près aux spécificités de cette période de transition en se penchant notamment sur les thèmes prioritaires tels que l'emploi, l'équité sociale et le développement régional. Les journées se proposent, dans leur présente édition, de débattre des moteurs et des limites du nouveau schéma de développement et d'identifier les traits d'un nouveau pacte social, garant d'une croissance forte et inclusive. Le développement des territoires, l'attractivité des investissements, la compétitivité du secteur financier et le nouveau plan d'émergence du secteur privé sont d'autres thèmes qui seront débattus en marge de cette édition. Le thème du deuxième panel des journées, «Contrat social et accès à l'emploi », tire son importance d'un ensemble de constats qui ont été rendus possibles grâce au 14 janvier et qui ont montré les limites de la stratégie nationale en matière d'emploi et de partage des richesses. M. Zouheïr El Kadhi, économiste, a présenté à cette occasion une étude sur le modèle de répartition qui serait le mieux adapté au contexte social et économique actuel de la Tunisie. Il y revient sur les défaillances des stratégies de développement jusque-là adoptées chez nous, des stratégies qui focalisent sur la croissance sans accorder d'importance à la redistribution des richesses. «Partant de ce constat, une politique de revenus axée sur le pouvoir d'achat avec une répartition plus équilibrée des fruits de la croissance doit être considérée comme une priorité absolue», affirme-t-il à ce propos. Le conférencier s'interroge, dans ce sens, sur les moyens permettant de réaliser une redistribution équitable et ceux qui permettraient d'augmenter le pouvoir d'achat de façon concrète et visible. Pour répondre à ces questions, il fallait d'abord revenir sur les spécificités de la situation actuelle et définir, dans un deuxième temps, le concept de pouvoir d'achat et les mesures susceptibles d'améliorer les revenus. M. El Khadi énumère dans son exposé les différents moyens de redistribution et évalue l'efficacité de chacun d'eux. S'agissant de la politique salariale, une augmentation des salaires ne saurait, selon lui, stimuler la croissance. L'idée selon laquelle la redistribution à travers les salaires permettrait de relancer la consommation est pour lui une erreur économique. En effet, toute hausse du coût horaire du travail risque d'exercer des effets destructeurs sur la demande d'emploi, surtout si elle alimente l'inflation et suggère une rémunération des salariés qui va au détriment de la productivité. L'intervenant propose, ainsi, une stratégie de réforme qui repose sur quatre axes, à savoir l'information de la population sur les coûts des subventions, le renforcement de la gouvernance et de la responsabilité du secteur public, l'instauration de mécanismes d'ajustement automatique des prix afin de limiter les suspicions sur la tarification. La réforme veillerait également à affiner progressivement le ciblage des subventions. Pour résoudre à moyen terme le problème lié au pouvoir d'achat, le conférencier propose une actualisation du barème de l'impôt sur le revenu et le renforcement de la concurrence et la maîtrise de l'inflation. Sur le long terme, note-t-il, les marges de manœuvre sont considérables car «il est possible de modifier la répartition du PIB». «Le partage entre salaires et profits doit faire l'objet de négociations salariales et, donc, d'un rapport de force qui est actuellement à la défaveur des salariés» , souligne-t-il, ajoutant qu'une réforme fiscale rigoureuse offre des marges de manœuvre budgétaire permettant une nouvelle politique de redistribution plus équitable. L'autre marge de manœuvre, telle que spécifiée par M.El Khadi, est la croissance. En effet, explique-t-il, «pour qu'il y ait répartition de richesses, il faut qu'il y ait création de richesses et donc croissance économique».