• Le personnel des hôtels et des agences de voyages risque de chômer à l'occasion du réveillon, sur fond de revendications sociales… Les Tunisiens risquent de «réveillonner idiot» ! Loin d'être un canular ou une plaisanterie, il s'agit là d'une véritable menace brandie par les employés de plusieurs établissements hôteliers et agences de voyages du pays, en signe de protestation contre ce qu'ils considèrent comme une injustice dont ils sont victimes. «Cela fait des mois, se plaint l'un d'eux, que nos revendications, maintes fois exprimées, restent lettre morte». «Certes, renchérit un autre, le secteur touristique est frappé de morosité. Mais il est anormal que nous, employés du secteur et son épine dorsale, continuions à en souffrir jusqu'à nous priver de nos droits élementaires». Revendications et grève Mais, au fait, que revendiquent-ils, les plaignants ? Il s'agit d'une batterie de réclamations qui vont de l'augmentation des salaires au rétablissement du régime des heures supplémentaires, en passant par l'instauration de la prime de risque, le retour des employés licenciés et la titularisation des employés occasionnels. «Toutes ces revendications, nous les avions pourtant présentées aux services concernés au lendemain même de la révolution», déplore un chef de rang dans un hôtel de la place, qui s'étonne que «de tous les secteurs, seul le nôtre reste marginalisé et lésé». Pour notre interlocuteur, «la patience a ses limites. Et comme les promesses de nos patrons n'ont pas été honorées, nous avons décidé, d'un commun accord avec notre syndicat, de chômer le 31 décembre. Advienne que pourra». Cette menace sérieuse est effectivement perceptible au sein dudit syndicat où «on espère quand même que la crise sera désamorcée avant la nuit du réveillon, pour que la fête du ‘‘jour de l'An'' ne soit pas gâchée». Désescalade Chez les hôteliers, relayés solidairement par les propriétaires des agences de voyages, on est encore sur la défensive, tout en prônant le dialogue et la désescalade. «On est tout à fait conscients des droits de nos employés à une vie meilleure», reconnaît un hôtelier qui estime cependant que «satisfaire autant de revendications en même temps et en cette période cruciale de l'année est une entreprise difficile, pour ne pas dire impossible, car vous n'êtes pas sans savoir combien notre secteur a souffert des retombées de la révolution, à coups de baisses des recettes et des nuitées. Au point que nous avons aujourd'hui du mal à payer les impôts et à honorer nos dettes accumulées auprès de nos fournisseurs, des banques, de la Steg et même de nos employés. Dès lors, ne pouvons-nous pas bénéficier de circonstances atténuantes ? A mon sens, les éventuels grévistes du 31 décembre ne perdraient rien à patienter encore quelques jours». Un appel du cœur (ou de détresse) qui tranche en tout cas avec la combativité des plaignants, visiblement décidés à gagner leur bras de fer, quitte à gâcher la fête pour les habitués du réveillon…