• La réussite d'une franchise est tributaire de la transparence, de l'intégrité et du sérieux des opérateurs Afin d'évaluer les freins et les moteurs du développement de la franchise, en Tunisie, on a contacté un promoteur parmi ceux qui ont négocié, durant des années, plusieurs franchises avec des marques internationales dans le domaine de l'outillage et des équipements de bricolage: M. Taïeb Souissi. Ayant connu des succès et des échecs, notamment avec la rude concurrence de l'une des sociétés appartenant à l'un des proches de l'ex-président, il est considéré comme un expert en la matière. Il nous a volontairement exposé son expérience, ses avis et ses recommandations. Pour définir la franchise, il avance qu'«il s'agit de dupliquer une réussite». Et d'expliquer : «C'est un fonds de commerce sur un plateau d'argent». En effet, la notoriété de la marque internationale assure plusieurs issues pour les produits et services du franchisé. De même, «l'adhésion du franchisé à un réseau commun qui a accumulé une expérience réussie, mais qui a aussi affronté et résolu plusieurs obstacles, minimise les risques de l'aventure entrepreneuriale», précise M. Souissi. Sur un autre plan, le franchisé bénéficie des économies d'échelle générées par l'ampleur du réseau commercial de la marque. «En achetant pour tout le réseau, les centrales d'achat seront en mesure d'offrir des matières premières et des produits de qualité à des coûts avantageux. Ce qui est de nature à renforcer la compétitivité des franchisés», explique le promoteur. Ainsi, pour le franchisé, c'est une formule de travail rassurante, en période d'activité habituelle, et encore plus en temps de crise. «Lorsque l'économie tourne à son rythme habituel, la franchise est une formule rassurante pour les investisseurs, notamment les jeunes promoteurs, démunis de fonds propres». Mieux encore, en période de crise, cette formule offre au franchisé une garantie d'approvisionnement. De plus, la notoriété de la marque constituera un refuge pour les clients peu confiants dans la qualité des autres produits peu connus, d'où une assurance de commercialisation. Ainsi, les contrats de franchise offrent aux banques une garantie pour la réussite du projet. Et les consommateurs, pour leur part, bénéficieront d'une qualité de services conforme aux normes internationales et d'un meilleur rapport qualité-prix. S'attardant sur l'état des lieux du marché national, il ajoute : «Malgré l'existence de plusieurs marques internationales dans diverses activités, l'expérience est encore à ses débuts». Et de mentionner que «le marché tunisien est à la fois prometteur et peu exploité». Des handicaps à surmonter «Théoriquement, le terrain est favorable au développement du concept», précise-t-il. Mais l'insuffisance de la loi, dans certains cas, et sa complexité dans d'autres ont retardé le développement du concept. En effet, il explique qu'«avant 2009, la législation tunisienne était ambiguë, parfois astucieuse, et surtout confuse». Ensuite, tout contrat de franchise, notamment avec des marques étrangères, est conditionné par 22 exigences et documents précontractuels. De même, la liste fixée a exclu toutes les activités non citées, à savoir la restauration rapide, la distribution des produits alimentaires et des boissons chaudes. «Donc, le législateur a adopté une démarche progressive et réfléchie», conclut-il. Mais, selon M. Souissi, le poids de ces conditions et la lenteur des procédures sont de nature à dissuader tout promoteur. Sur un autre plan, le franchisé affronte des difficultés financières de taille. «Nos banquiers manquent de connaissances et de formation en matière de franchise», déplore le promoteur. En effet, la franchise s'exerce essentiellement dans le secteur du commerce et de la distribution. Mais ces activités ne figurent pas dans les priorités des banques qui financent, principalement, des projets industriels, dont les machines et les équipements pourraient constituer des garanties réelles. Sur le plan commercial, il relève que «la réussite d'une franchise est tributaire de la transparence, de l'intégrité et du sérieux des opérateurs». En effet, pour préserver la renommée mondiale de la marque, le franchisé est appelé à respecter la législation en vigueur, en matière fiscale, douanière, commerciale et sociale. La traduction financière de ces engagements se manifeste dans les prix de vente. De ce fait, l'ampleur du marché parallèle pourrait entraver le développement de ces pratiques modernes de commercialisation. En résumé, la réussite de ce mode de commercialisation nécessite la simplification des lois, la limitation du marché parallèle et l'incitation des banques à soutenir la réalisation et le développement de tels contrats.