Rendez-vous footballistique incontournable, la CAN est-elle encore ce qu'elle était ? Une coupe d'Afrique tous les deux ans, ce n'est pas raisonnable. Pas raisonnable du tout même. On sort d'une pour plonger dans une autre, en passant par les compétitions nationales, mondiales (Coupe du monde) ou encore celles continentales, aux dates aussi folles les unes que les autres. Nos clubs, nos entraîneurs et nos joueurs n'en peuvent plus : pas de répit, pas de trêve et des dépenses énormes pour se déplacer d'un pays africain à un autre. Pour si peu à l'arrivée. Car, hormis le vainqueur final d'une coupe africaine au niveau des clubs, les autres jouent pour du beurre, pour presque rien. Perte de temps, perte d'énergie et perte d'argent. Il faut bien qu'un jour ou l'autre nos fédérations et nos clubs sonnent la révolte contre une CAF qui n'a pu et su élever le niveau financier de ses compétitions, contraignant les clubs à un déficit sportif et financier permanent. Puis il y a la CAN à qui on ôte tout charme et pratiquement toute crédibilité quand on la fait disputer toutes les deux années. Sortir d'éliminatoires pour attaquer d'autres, puis la phase finale avec des dépenses énormes dont la petite compensation de la CAN n'arrive pas à couvrir le cinquième. Puis il y a le côté sportif. Les équipes, les pays n'arrivent pas à se construire ou à se reconstruire footballistiquement avec des échéances aussi rapprochées et des dates aussi impossibles. Nous nous demandons d'ailleurs pourquoi la CAF ne s'est pas penchée sur le sujet, elle qui multiplie les commissions, les experts, les consultants et les séminaires où on loge, on mange et on boit très bien… mais tout cela n'aboutit à rien, sinon à plus de dépenses inutiles pour la CAF, plus lourdes pour les clubs et les nations, et à un calendrier encore plus anarchique. Venons-en à présent à la CAN en elle-même. Nous avons de plus en plus l'impression que ce n'est plus le rendez-vous du football africain. Mais celui de l'élite continentale en Europe. De moins en moins de place aux jeunes du cru et toute la place pour ceux «blasés» par la gloire et l'argent et qui jouent à l'économie pour ne pas compromettre leur carrière européenne et qui, de surcroît, sont confrontés à des problèmes monstres avec leurs clubs d'origine qui voient d'un œil de plus en plus mauvais les escapades incessantes de leurs sociétaires, tant pour les éliminatoires que pour la phase finale. Cela sans parler des risques de blessures… Et le football dans tout cela ? La mondialisation n'ayant pas touché que les secteurs économiques ou culturels de la vie, mais aussi le sport, nous nous retrouvons avec des CAN de plus en plus insipides, copie presque conforme du football européen où le jeu est rigueur, tactique, discipline et physique. De moins en moins création, improvisation , folie. Bref, tout ce qui faisait le charme et l'originalité du footballeur et du football africain. La solution ? Cela fait des années que nous disons que la CAF doit changer son calendrier, tant au niveau des clubs que de la CAN. La CAN ? Toutes les trois années pour des raisons objectives : accorder au pays organisateur le temps nécessaire pour s'y préparer, à la CAF l'opportunité de mieux vendre la CAN, et de ce fait, mieux indemniser les pays participants; aux techniciens et aux joueurs, enfin, de mieux préparer et se préparer pour la CAN pour que le football africain retrouve son identité et ce grain de folie qui fait que la CAN soit vraiment la… CAN. Mais, heureusement, le cadre n'est pas si noir, et ces dernières années ont sonné la charge et marqué la révolte des petites nations contre les grandes. Le Cameroun, l'Egypte, l'Afrique du Sud et l'Algérie ne seront pas au Gabon et en Guinée équatoriale. En revanche, il y aura le Burkina Faso, l'Angola, le Niger, le Botswana, le Gabon et la Guinée équatoriale (pays organisateur) et notre voisin libyen. Et ce n'est pas du tout sûr qu'on retrouve au bout du parcours la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Maroc ou la… Tunisie. La Tunisie? Parlons-en. Avec quels joueurs et quel football réussira-t-elle? Sûrement pas avec celui défensif et calculateur et sûrement pas avec des joueurs frileux et alignés à des postes inadaptés. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a un coup à jouer. Il ne faudra surtout pas le rater.