Vainqueur du trophée africain le plus prisé en 1976 en Ethiopie, le Maroc visera à Libreville un deuxième sacre Par rapport à leur impressionnant potentiel et à la qualité de leurs crus successifs, le palmarès africain des Lions de l'Atlas paraît bien maigre. Tout comme la Tunisie du reste. La Coupe du monde traduit en tout cas bien mieux ces qualités avec quatre qualifications en phase finale du Mondial, dont un accès aux huitièmes de finale (en 1986). Cette présence en phase finale de la CAN, la treizième en 28 éditions, a pourtant un goût particulier. Il n' y a pas longtemps, le foot marocain se trouvait au creux de la vague, comme en témoigne son absence à la dernière édition en Angola et au dernier Mondial en Afrique du Sud. Cela se confirmait avec l'élimination (par la Tunisie) de la sélection des joueurs locaux de la 2e édition du Chan 2011. Et puis, subitement, l'embellie avec le ticket pour la CAN obtenu avec panache. Le Maroc revu et corrigé par Eric Gerets n'avait-il pas laminé l'Algérie (4-0) le 4 juin 2011 à Marrakech? Il y eut également la double qualification du Wydad Casa et du Moghreb Fès en finale des deux compétitions africaines des clubs, avec au bout du compte un partage des trophées avec la Tunisie (la Ligue des champions pour l'Espérance, la coupe de la CAF allant au Moghreb). A tout cela il faut ajouter le superbe succès (2-0) en amical à Dakar devant le redoutable Sénégal, considéré à juste titre parmi les grands favoris de la CAN. Lemyaghri, tel un symbole L'arrivée du Belge Eric Gerets, surnommé le Lion de Requem, à la barre des Lions de l'Atlas n'est pas étrangère à cette métamorphose. Pourtant, les premiers jours, beaucoup doutaient de sa réussite d'autant qu'une dizaine de techniciens se sont succédé à la tête du Mountakhab durant les dix dernières années, dont les expérimentés Roger Lemerre et Philippe Troussier. Le très «cher» sélectionneur belge (un salaire non précisé, mais considéré parmi les plus importants au monde) a vite réussi la mayonnaise avec un mélange de joueurs expérimentés (Lemyaghri, Chamakh, Hajji, Benatia) et d'autres ambitieux (Assaïdi, Carcela, Amrabet). Le portier titulaire du Wydad, Nadhir Lemyaghri, constitue la figure emblématique de la sélection chérifienne. En décembre dernier, dans la foulée de son forfait en finale de la Ligue des champions contre l'Espérance,tout le Maroc retenait son souffle et priait afin que le portier soit rétabli à temps pour la CAN. Gros soulagement lorsque le capitaine de la sélection reprit les entraînements avant la fin de l'année dernière. Il faut dire que son influence dans le groupe est très importante. En Tanzanie, aux éliminatoires de la CAN, alors que les choses paraissaient mal engagées à la mi-temps, il réunit ses coéquipiers dans les vestiaires pour leur tenir le discours de l'humilité et de la générosité. A l'arrivée, Mounir El Hamdaoui donnera la victoire aux Rouges qui prennent depuis ce 8 octobre 2010 une sérieuse option sur la qualification. Ce même discours de l'humilité est repris par la presse marocaine unanime à inviter ses favoris à faire preuve de réalisme et de modestie. Ainsi concède-t-elle aux hommes de Gerets tout juste le statut d'outsider, abandonnant celui de favori au Ghana et à la Côte d'Ivoire. Mêmes intentions pour la rencontre de ce soir quand elle rappelle que la Tunisie avait barré le chemin du Mondial 2006 au Maroc, qu'elle avait déjà battu en finale de la CAN 2004. Pourtant, les médias de Rabat et Casa reconnaissent en même temps la grande qualité du cru 2012, fort d'un nombre ahurissant de joueurs de classe évoluant à l'étranger. En effet, Gerets n'a retenu parmi ses «23» que quatre footballeurs du championnat local : les gardiens Lemyaghri et Badda et les défenseurs Lemrani et Boukhris. De surcroît, ils mettent l'accent sur la tendance favorable aux Lions de l'Atlas dans leurs confrontations officielles face aux Aigles de Carthage (onze victoires à huit). Rappelons enfin que le Maroc était parti le 9 janvier préparer sa campagne en Espagne, à Marbella, où il disputa deux tests contre deux clubs suisses : victoire (3-1) face aux Grasshoppers et nul (0-0) contre le FC Bâle dans un match de 50 minutes.