Aymen Mathlouthi a pris une nouvelle dimension en assumant une part prépondérante dans le triomphe de la Tunisie, lundi face au Maroc. C'est un succès à l'italienne renvoyant les puristes au temps du «catenaccio» que les ‘‘Aigles de Carthage'' ont enlevé dans la moiteur d'une chaude soirée de Libreville. Il est clair que, s'il était toujours de ce monde, le mage Helenio Herrera, père spirituel du «verrou», aurait grandement apprécié toute cette solidité défensive et ce réalisme cynique poussé à l'extrême. La pierre angulaire de cette stratégie, qui a fait ses preuves d'autant qu'elle est obtenue devant un adversaire techniquement et indivuellement supérieur, s'appelle Aymen Mathlouthi, qui a tutoyé avant-hier les cieux. Le bonhomme était en état de grâce, dans un de ces jours où l'on se sent habité par une force surhumaine, à la limite mystique, et carrément intouchable et définitivement inaccessible. Face aux redoutables Boussoufa, Chamakh et autres Amrabet, il allait vite entrer dans le match tellement les Rouges dominaient d'emblée les débats, montrant à ces stars de quel bois il se chauffait. Un duel remporté contre Chamakh (13'), une main ferme opposée à un tir dans un trou de souris adressé par Boussoufa (18'), une claquette décisive sous la transversale pour détourner un coup franc astucieux de Kadouri (28'), une sortie courageuse à la rencontre d'un déménageur des surfaces nommé Chamakh, un véritable buldozer qui dut y aller de la main pour détourner la trajectoire du ballon (45'). Bref, une mi-temps magistrale qui laissa sur sa faim, confiné dans sa frustration, l'avant centre d'Arsenal. Et qui sera suivie d'un nouveau chapelet d'exploits après les citrons avec un arrêt décisif sur un boulet de canon de Taarabt, entré à la place d'un Assaïdi, déclaré inapte jusqu'à vendredi dernier (48'), un dégagement en véritable libéro, du pied, devant Chamakh (60')… L'âge de la maturité La soirée royale du héros du derby maghrébin allait se terminer par un avertissement infligé par le Sud-Africain Daniel Benet pour perte de temps (93'). Mais le match était déjà plié, s'inscrivant dans la lignée des sorties magistrales d'un keeper qui a sans doute atteint l'âge de la maturité. La redoutable efficacité, aussi bien défensive qu'offensive des Aigles, a tiré le meilleur bénéfice de la maestria de Mathlouthi que peu de gens pouvaient imaginer à ce standing et à ce niveau de compétitivité, un mois seulement après son rétablissement d'une double opération de la pubalgie et de la main. Il faut croire que la double concurrence installée par l'excellent Rami Jeridi et par le prometteur Moëz Ben Chérifia a énormément aidé le titulaire du poste à donner le meilleur de lui-même. Et à battre, au bout du compte, à plate couture l'expérimenté gardien adverse Nadhir Lemyaghri qui n'est pourtant pas né de la dernière pluie. Le roi du Maghreb, c'était bien lui, lundi soir!