Le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali a affirmé, hier, que le pays est actuellement à la croisée des chemins, ce qui commande aux partis politiques, qu'ils soient dans le gouvernement ou dans l'opposition, à resserrer les rangs. Il est impératif de travailler ensemble afin d'instaurer «une légitimité consensuelle» qui permet de relever les défis qui se posent et d'assurer le succès de l'expérience démocratique naissante en Tunisie, a estimé M. Jebali dans sa réponse aux interrogations des constituants. L'actuel gouvernement assume pleinement sa responsabilité pour ce qui est des choix adoptés en cette étape de transition, a encore assuré M. Jebali. «Nous sommes devant de grands défis économiques,sociaux, sécuritaires et en matière de développement», a-t-il dit, appelant l'opposition à éviter les surenchères en accusant le gouvernement d'être responsable de l'augmentation du niveau du chômage et de la pauvreté dans le pays. «L'échec du gouvernement mènera à un échec du processus de la révolution en Tunisie», a averti M. Jebali appelant l'ensemble des Tunisiens à contribuer aux efforts pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent. En réponse aux critiques adressées au gouvernement pour n'avoir pas appliqué la loi face aux sit-in, M. Jebali a expliqué «si on appliquait la loi on sera accusé de retour à la dictature et si on évite ce choix on est accusé de laxisme». Il s'agit là «d'une équation difficile» à laquelle le gouvernement provisoire aimerait trouver une solution, a-t-il dit. Evoquant le dossier des personnes impliquées dans des affaires de corruption sous l'ancien régime, M. Jebali a indiqué qu'il s'agit d'un dossier complexe qui ne peut être examiné que par la justice dans le cadre d'un procès équitable. A cet égard, le chef du gouvernement provisoire a souligné qu'il n'a été possible de répertorier que 250 millions de dinars alors qu'on prévoit un total de 5 milliards de dollars. M. Jebali a dénoncé, dans ce contexte, le manque de coopération des pays européens et arabes rappelant la décision de son gouvernement de charger des magistrats spécialisés ainsi que des bureaux d'avocats pour assurer le suivi de ce dossier. Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans le pays, M.Jebali a cité un bilan des mouvements de protestation faisant état pour l'année 2011 de 16.273 sit-in. Depuis le mois de janvier, on a enregistré un millier de sit-in et de mouvements de protestation. Le nombre de journées de travail perdues durant les 6 premiers mois de 2011 a été estimé à 22.700 jours. Malgré «une amélioration» de la situation sécuritaire, M. Jebali a toutefois souligné que certains sit-in se poursuivent dont celui de la région de Mateur où 6 mille postes d'emploi sont menacés accusant sans le nommer «un syndicaliste proche de l'ancien régime corrompu» d'être l'instigateur de ce mouvement de protestation. «Le danger réside dans le risque de voir se reconstituer les anciennes milices du parti dissous (RCD) à l'intérieur et à l'extérieur du pays» a mis en garde M. Jebali, évoquant «des financements et un appui de certaines parties». Les Tunisiens sont appelés à faire preuve de cohésion autour des objectifs de la révolution qui sont éternels et non pas autour du gouvernement qui n'est que de passage, a-t-il dit. Le gouvernement présentera, lors de l'examen du projet de budget en mars prochain, un programme détaillé, a annoncé M. Jebali tout en assurant la mobilisation des financements nécessaires.