• A l'horizon 2015, une enveloppe de de 2 à 2,5 milliards d'euros sera allouée à la Tunisie, au Maroc, à l'Egypte et à la Jordanie • En février, la Banque inaugurera son premier bureau à Tunis Le chapitre de la coopération entre la Tunisie avec la Berd vient de commencer. En effet, c'est la première étape de la stratégie d'extension du champ de travail de la banque, au sud et à l'est de la Méditerranée. Après l'adhésion de la Tunisie à la famille des membres de la banque, le 29 décembre dernier, voilà une délégation d'éminents experts de la Berd, présidée par le vice-président de la banque, M. Jan Fischer, qui débarque pour une visite de travail de deux jours. L'objectif est de négocier avec le gouvernement tunisien, le secteur privé et les représentants de la société civile les projets qui correspondent au mieux à leurs attentes à court et à long terme. Pour introduire la banque, le chef de la délégation a rappelé : «Nous sommes une institution qui supporte les transitions démocratiques et les restructurations en économie de marché». Forte d'une expérience de 20 ans en Europe de l'Est, la banque est en mesure d'apporter tout son savoir-faire économique et politique pour accompagner la transition démocratique du pays. A cet égard, la banque est aussi réputée pour son engagement dans des projets concrets. «Les négociations avec le Premier ministre et la séance de travail avec les responsables politiques et les représentants du secteur privé ont porté sur la planification de projets concrets», précise M. Fischer. L'un des experts de la banque, M. Josué Tanaka, explique : «En effet, le pays a besoin de contributions rapides et de travaux de restructuration de longue haleine». Lors de cette première rencontre, M. Ridha Bettaïeb, ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale, a dressé un tableau des attentes et des priorités du tissu économique et des citoyens tunisiens. Pour relever les principaux défis du chômage et du développement régional, il énumère une liste d'actions à entreprendre en urgence, de projets prioritaires et secteurs stratégiques. A savoir la dynamisation du secteur privé, l'encadrement des PME, la réforme de la micro-finance, ainsi que le développement de l'infrastructure. «Notamment le transport maritime», précise-t-il, «réformes politiques et économiques vont de pair», renchérit le ministre. Pour financer les projets de la nouvelle région, constituée par la Tunisie, l'Egypte, le Maroc et la Jordanie, la capacité de la banque s'élève de 2 à 2,5 milliards, à l'horizon 2015. «On adopte une approche par pays», souligne le responsable. «Le pays qui progresse le plus bénéficie de plus d'opportunités», explique-t-il. Mieux encore, les «business models» de la Berd sont adoptés par d'autres bailleurs de fonds. S'agissant de leurs missions en Tunisie et les éventuelles difficultés, M. Josué Tanaka a répondu à La Presse : «On peut considérer que la mission est plus simple que dans certains pays d'Europe de l'Ouest puisque le pays a franchi des pas sur la voie de l'économie de marché. En revanche, le secteur privé souffre de plusieurs handicaps». A ce stade, la banque focalise sur l'amélioration du climat d'affaires en Tunisie. Outre la proximité du terrain, c'est l'une des missions du nouveau bureau de la Berd, qui sera inauguré en février à Tunis. Les collectivités locales en point de mire «On ne peut pas bâtir une démocratie seulement dans la capitale», rappelle le vice-président. En effet, les régions auront leur part de la révolution. D'un autre côté, l'identification et l'adaptation des projets ne peuvent se faire qu'avec le concours des premiers concernés, notamment les entreprises et les citoyens de la collectivité. A cet égard, le vice-président explique : «Dans nos études, on ne focalise pas seulement sur les aspects financiers des projets, mais on considère également les aspects environnementaux et sociaux». Ainsi, l'activité de la Berd n'est pas réduite au financement du secteur privé. Pour ce faire, les experts de la banque recommandent d'engager des réformes administratives. «Le rythme de notre travail est tributaire de l'avancement des travaux de décentralisation», ajoute l'un des experts.