A pareille période de chaque année que Dieu fait, l'heure est à «sa Majesté l'assida qui envahira nos foyers, demain samedi. Le «zgougou», graines de pin d'Alep, sera roi, et sans doute en tête du hit-parade de la course à la consommation. D'emblée, comment se procure-t-on cette denrée, cuvée 2012? Et puis, est-elle disponible en quantités suffisantes? Quels prix affiche-t-elle? Détails. A gogo… Premier constat tout ce qu'il y a de plus rassurant: quelque 350.000 tonnes de zgougou ont été graduellement injectés sur le marché. De quoi satisfaire une demande de la population qui ne dépasse pas habituellement les 320 mille tonnes. Cette abondance s'explique par l'augmentation de la production nationale qui est passée de 330 en 2011 à environ 400 tonnes en 2012. Et pour se prémunir contre une éventuelle pénurie, il a été décidé de se rabattre sur les stocks restants de l'année dernière tout en n'écartant pas l'hypothèse d'exploiter les forêts frontalières, côté algérien. Autre précaution non moins préventive : la direction générale des forêts, dépendant du ministère de l'Agriculture, a mis tout en œuvre, depuis le mois d'octobre dernier, afin d'assurer une meilleure exploitation des 74 mille hectares réservés à la production nationale du zgougou. In fine, nous pouvons avancer, sans aucun risque d'exagération, que cette denrée, épine dorsale de l'assida, est disponible à gogo, un peu partout dans le pays. Dès lors tant pis pour ceux qui… ont un faible pour la pénurie ! Halte à la tricherie Or, si l'ombre de la pénurie n'a pas, cette année, droit de cité, c'est plutôt au niveau des prix du zgougou que le bât blesse et qu'on a encore, par conséquent, de l'assida, pardon du pain sur la planche. En effet, il s'est avéré, au terme d'une tournée dans certains points de vente, que le prix du kilo varie pour le moment entre 12 et 14 dinars, alors qu'il ne doit pas normalement dépasser les 8 dinars réglementaires. Du coup, bonjour tricherie ! «Cette flambée des prix est totalement anormale, proprement condamnable», s'indigne une dame qui n'hésite pas à lancer la balle dans le camp des pouvoirs publics. «Qu'attend-on, s'interroge-t-elle, furieuse, pour imposer un contrôle rigoureux sur les points de vente qui font comme bon leur semble?». Pour une autre femme au foyer, «tant que l'eau continuera de couler sous les ponts, les commerçants feront à leur guise, les prix iront en s'affolant et toutes les menaces planeront sur le Mouled». Au ministère de l'Industrie et du Commerce, l'heure est de toute façon à la dédramatisation. «Certes , reconnaît M. Lassaâd Laâbidi, chargé de mission auprès du ministre, nous concédons que le phénomène de la hausse illicite des prix sévit encore et est loin d'être endigué. Mais, notez bien que nous lui mènerons la vie dure, à la faveur d'une nouvelle stratégie à court et à long termes, articulée autour de deux mots-clé : la prévention et la vigilance». C'est ainsi que, à l'occasion du Mouled, les agents de contrôle économique, plus nombreux que d'habitude, (entre 600 et 700) seront omniprésents pour tenter de couper l'herbe sous les pieds des contrevenants, aidés en cela par les représentants d'une ODC (Organisation de défense de consommateur) enfin réhabilitée. Tout sera passé à la loupe : prix affichés, date de validité de la consommation du produit, factures d'approvisionnement, etc. Le tout en étroite collaboration avec les municipalités, les gouverneurs et les ministères de l'Intérieur et de la Santé.