Tout plaide pour le sacre des Eléphants. Tout sauf une chose : l'imprévisibilité. Car l'histoire du football, comme l'histoire des hommes, est jalonnée d'entorses à la logique. Une fois de plus, le rouleau compresseur ivoirien a intérêt à transformer en buts ses temps forts. Nous avons vu combien ce but inscrit avant la mi-temps face au Mali à peser lourd dans la balance. Contre les Zambiens, il faudra être plus efficace car les Chipolopo ont plus de capacité que les Maliens à revenir dans la partie. Ils ne sont jamais morts jusqu'au coup de sifflet de l'arbitre. Un mauvais départ des Ivoiriens serait catastrophique car, en confiance, les coéquipiers de Kasongo peuvent soulever des montagnes. La finale se jouera plus dans la tête que dans les pieds. De part et d'autre, le but est le même, c'est-à-dire remporter le trophée. Mais la motivation diffère. Les Zambiens veulent rendre hommage à leurs devanciers qui avaient péri dans un crash d'avion en avril 1993 au large des côtes de Libreville. Pour ce faire, les Chipolopolo devront se battre pour espérer venir à bout des Eléphants. De leur côté, Drogba et ses coéquipiers pensent à la réconciliation nationale dans leur pays fraîchement sorti d'une crise. Une victoire est donc un impératif pour eux. Puissance de feu... C'est un match qui promet eu égard au parcours de chacune des deux formations. Les Zambiens ont livré 5 matchs avec un match nul et quatre victoires. Quant aux Eléphants, ils ont fait un parcours sans-faute : 5 matchs 5 victoires, pas de but encaissé. Mais faut-il le souligner, les Chipolopolo ont beaucoup de mérite pour avoir éliminé le Sénégal et le Ghana. Mayuka, Katongo et Chibala sont le fer de lance d'un groupe volontaire et déterminé, qui pourrait créer des difficultés aux Ivoiriens. Visiblement plus aguerris parce que titulaires dans des clubs de championnats de haut niveau, les Eléphants représentent une puissance de feu incarnée par Didier Drogba, Yaya Touré et Gervinho. Qui donc de la Côte d'Ivoire ou de la Zambie montera sur le toit de l'Afrique, ce soir. Constellation de stars... La Côte d'Ivoire est la grande favorite de cette CAN. Et après une courte, mais méritée victoire contre le Mali (1-0), elle sera bel et bien au rendez-vous de la finale face à la Zambie, invitée surprise qui a terrassé (1-0) le Ghana, finaliste de l'édition 2010. La star et capitaine de la Côte d'Ivoire, Didier Drogba, aura aujourd'hui à Libreville une des dernières chances de sa carrière de remporter quelque chose avec l'équipe nationale, six ans après la finale perdue aux tirs aux buts contre l'Egypte (il avait d'ailleurs raté un pénalty). Les Gervinho, Didier Zokora, Salomon Kalou ou Yaya Touré se sont créé pléthore d'occasions (notamment deux ballons sur les poteaux) face au Mali mais ils ne sont parvenus à marquer qu'une seule fois, sur un exploit de Gervinho... Prendre sa revanche sur un destin capricieux Bien sûr, beaucoup avaient souligné la force collective de la Zambie au début du tournoi, mais de là, à les voir en finale... Après avoir beaucoup souffert face au Ghana, qui a dominé la rencontre, les Chipolopolos ont arraché la victoire grâce à leur perle Mayuka (78e), auteur de son troisième but du tournoi. Cela dit, la Zambie a effectué un voyage émouvant, à Libreville, où a disparu une génération dorée du pays le 27 avril 1993. Dix-huit membres de l'équipe avait alors péri dans le crash de l'avion (30 morts au total) qui devait les mener au Sénégal, la faute à un appareil en mauvais état associé à une erreur de pilotage. L'actuel président de la fédération Kalusha Bwalya, plus grand joueur de l'histoire du Zambie, avait échappé à l'accident parce qu'il devait rejoindre ses coéquipiers à partir de l'Europe. Il sera présent ce soir dans les tribunes.