La Chambre régionale des agents d'assurance et l'association Union mutuelle de la micro-assurance ont organisé récemment une table ronde intitulée la micro-assurance à la conquête de nouveaux marchés en Tunisie. Elle a été animée par M. Jean-Paul Roux, consultant international et directeur Afrique de «Planet Guarantee». La micro-assurance est l'adaptation des services des assurances aux clients à faibles revenus. Elle s'intéresse dans une économie sociale et solidaire à ceux qui ne peuvent pas bénéficier des assurances classiques. Elle est considérée comme un produit financier des institutions de la micro-finance (IMF) M. Roux précise que la micro-finance représente l'ensemble des services financiers de proximité, notamment les crédits, la collecte de l'épargne, la micro- assurance et les services de paiement. Ces services sont ouverts à une population constituée de ménages et micro-entreprises n'ayant pas accès au système financier formel et ne pouvant pas disposer en général de garanties. Dans le monde, la micro-finance couvre 190 millions d'emprunteurs, dont 128 millions de clients pauvres. 74% des emprunteurs sont des femmes. «La micro- finance en Tunisie est historiquement exclusivement limitée à l'activité de micro-crédit et opérée à l'initiative de deux acteurs majeurs et qui sont Enda interarabe avec ses 63 antennes situées en majorité dans les banlieues de Tunis et la BTS », explique le consultant international. Le ministère des Finances s'est engagé dans une démarche volontaire pour développer ce secteur en Tunisie (loi du 21 octobre 2011). Ainsi, il a défini trois axes de travail. Il s'agit notamment de la mise en place d'un cadre légal et réglementaire, de l'élaboration d'une stratégie nationale et de la restructuration des associations de développement partenaires de la BTS. «Un nouveau cadre réglementaire a été désormais adopté ainsi qu'un document d'orientation stratégique. Le processus de restructuration du système BTS vise au préalable un stade intermédiaire de création d'IMF», ajoute M. Roux. En réponse à la question relative à la distribution de services de micro-finance dans les zones défavorisées, l'expert a indiqué que ses services sont utilisés pour lutter contre la pauvreté, sécuriser les transactions financières et encourager les emprunteurs. Les services de la micro-finance accompagnent les micro- entrepreneurs dans le développement de leurs activités et participent à l'évolution du secteur financier auprès des populations fragiles. Selon la définition du Bureau international du travail (BIT), la micro-assurance est un mécanisme de protection de personnes à faibles revenus contre les risques (accidents, maladies, décès, risques agricoles, stock incendie, catastrophes naturelles...) en échange du paiement d'une prime d'assurance calculée en fonction de leurs besoins, de leurs revenus et du niveau du risque concerné. Elle est apparue dans les années 90. La mise en place de ce type d'assurance nécessite un grand travail de sensibilisation et de formation du personnel auprès des institutions de micro-finance. Il faut, également, avoir une gestion dédiée à ce type de population et mettre en place un système intermédiaire pour ce type d'assurance. En Tunisie, le taux de pénétration de la micro-assurance est relativement faible, conduisant les assureurs à construire un modèle institutionnel de type partenariat réunissant assureur, IMF et intermédiaire. Le monde rural et agricole est peu couvert en assurance ; moins de 10 % disposent de garanties assurances. «Ainsi, une approche « assurance » auprès des associations de commerçants, d'artisans ou sectorielles constitue un bon angle d'attaque pour les faire adhérer à la micro-assurance», ajoute M. Roux. De même, un grand travail est à faire auprès des autorités. Le marché tunisien n'est pas encore prêt pour ce type d'assurance, un grand travail de terrain est à faire. Tout d'abord, il faut réaliser des études de faisabilité et de marché sur la micro-assurance et mettre en place des pilotes pour la commercialisation des produits. Les compagnies d'assurances sont appelées à trouver de nouveaux circuits de distribution pour ce type de produit, assister les assureurs pour adapter leurs produits aux besoins des populations cibles et obtenir la confiance des ménages.