Mieux que toute autre campagne publicitaire pour la promotion du tourisme culturel, cette émission a mis en évidence notre savoir-faire dans tous les domaines de la création, la considérable richesse de notre patrimoine, et ce goût exquis de la douceur de vivre, propre à la Tunisie. Dès lors, loin de tout chauvinisme excessif, il nous est permis de parler, toutes proportions gardées, du génie tunisien. En cette période de l'année où l'on fête le mois du patrimoine, l'émission de France 3 de mercredi dernier, réalisée par Louis Laforge et intitulée «Des racines et des ailes» est venue à point nommé nous rappeler l'importance et la signification de cet événement et nous conforter dans cette opinion, devenue une certitude, qu'il y a de quoi être fier de notre histoire, de notre potentiel archéologique, de nos trésors architecturaux et de nos traditions. Cette abondance précieuse de la matière nous a été servie par d'éminents spécialistes qui, par l'étendue de leur érudition et la grandeur de leur savoir, ont éclairé la lanterne du public en fournissant toutes les particularités de ce vaste patrimoine. L'émission très bien élaborée, jusque dans les moindres détails, a fait un tour d'horizon des trésors que recèle ce patrimoine en abordant, bien plus que succinctement, tous les aspects de cet héritage civilisationnel hérité du passé et jalousement conservé et entretenu dans l'esprit de le transmettre à notre tour aux générations futures. «Des racines et des ailes» s'est déplacée jusqu'à Douz pour nous révéler l'âpreté et la rudesse de la vie dans le désert. C'est ainsi que les téléspectateurs ont découvert le monde de la transhumance et de la migration du bétail, chameaux et ovins, de ces «gens du voyage» qui vivent dans des campements de tentes et qui se déplacent selon un itinéraire établi en fonction de la qualité du lieu de pâturage. Notre surprise était grande en découvrant que ces bergers, vivant à mille lieues de la civilisation urbaine, manient un français presque châtié. A Tozeur, il était question des méthodes ancestrales pratiquées par les oasiens dans le domaine de l'habitat, du chauffage combustible et de la décoration. La matière première, ici, est le palmier, la grande richesse des oasis qui est mise à contribution dans tous les aspects de la vie, de la même manière que l'olivier pour le Sahel et la région de Sfax noyés dans un océan d'huile d'olive. La Médina de Tunis, une des plus belles du monde arabo-musulman, s'est laissé surprendre dans tout l'éclat et la splendeur de ses belles et somptueuses demeures, nichées dans d'anciens palais intra-muros dans la Médina. Un échantillon du goût exquis restitué avec autant de sobriété que de délicatesse et de raffinement. Dans le domaine archéologique, Dougga, Bulla Regia, El Jem et Carthage, avec en prime le Musée du Bardo avec sa collection de mosaïques unique au monde, ont encore une fois rappelé qu'en matière d'histoire, celle de la Tunisie remonte à 3.000 ans dans le temps. En matière de tolérance, l'émission s'est appliquée à démontrer qu'une véritable liberté religieuse existe dans ce pays. L'équipe s'est déplacée à l'intérieur de la grande synagogue Beth Shalom de Tunis, un bijou, et a reçu le témoignage d'un important membre du comité de gestion du culte israélite tunisien qui a insisté sur la paix qui règne en Tunisie et sur la sollicitude dont jouissent les Tunisiens de confession juive à tous les niveaux de l'Etat. En cette époque, où les replis identitaires et le rejet de l'autre refont surface, l'image de la Tunisie est sortie gagnante.