Mme Hillary Clinton a tenu, hier, à Sidi Bou Saïd et plus précisément au Palais Ennejma Ezzahra, une rencontre avec à peu près 200 jeunes étudiants tunisiens triés sur le volet. En effet, après une longue attente de plus de 3h30 devant le Palais, ensuite à l'intérieur, la somptueuse maison mauresque de l'orientaliste anglais, Mme Clinton a fait son apparition devant un patio archicomble. Lors de son allocution devant un pupitre où on pouvait lire l'inscription suivante : «Youth rising — Aspirations and expectations» (Soulèvement des jeunes — Aspirations et attentes), la secrétaire d'Etat américaine a exprimé sa joie de fouler de nouveau le sol tunisien. Et elle a exhorté les jeunes à défendre les réformes et à soutenir la démocratie: «Nous avons été témoins de votre courage aux avant-postes de la révolution, endurant les gaz lacrymogènes et les coups. Il faut une autre forme de courage pour être gardiens d'une nouvelle démocratie», a-t-elle déclaré. Elle s'est adressée ensuite spécifiquement aux jeunes femmes en leur demandant de veiller au respect de leurs droits : «Vous (les jeunes Tunisiens) constituez une génération remarquable et un exemple à suivre pour tous les jeunes de la région... Certes dans le monde, les préoccupations des jeunes ont toujours été marginalisées par les politiques. On dénombre plus de 3 milliards de jeunes âgés de moins de 30 ans qui subissent ce qu'on appelle le phénomène de l'exclusion démographique. Et des statistiques ont montré qu'un jeune a trois fois plus de chance de connaître le chômage que les autres. Et plus de 100 millions de jeunes dans le monde vivent dans des conditions de vie très difficiles. Heureusement, grâce aux technologies de la communication, le monde s'est rétréci et les peuples se sont rapprochés». Elle a ajouté: «Pour ce qui est de la Tunisie, le pays a fait beaucoup de progrès politiques, mais il reste beaucoup à faire pour ancrer la démocratie. Mais cette génération devrait être innovatrice et patiente pour lutter contre l'extrémisme et construire une solide démocratie». Mme Hillary Clinton a également conseillé aux jeunes présents de se servir des médias sociaux et des nouvelles technologies, qui ont joué un grand rôle dans les soulèvements des derniers mois dans le monde arabe, pour demander des comptes aux nouveaux pouvoirs. «En Tunisie et ailleurs plusieurs se demandent si l'islamisme politique peut être réellement compatible avec la démocratie ? La Tunisie a la chance de répondre à cette question par l'affirmative et de démontrer qu'il n'existe pas de contradiction. Et cela ne signifie pas seulement de parler de tolérance et de pluralisme, mais de le vivre», a-t-elle ajouté. Concernant l'aide que vont apporter les Etats-Unis à la Tunisie, la secrétaire d'Etat américaine a déclaré : «Nous allons encourager l'entrepreneuriat pour favoriser la création de nouveaux emplois. Et nous voulons élargir les programmes d'échanges entres les universités américaines et tunisiennes et surtout encourager l'enseignement de l'anglais car l'anglais est la porte d'entrée à l'économie mondiale». Enfin, il reste à noter que pour plusieurs observateurs, ils auraient aimé qu'une telle rencontre ait été organisée dans l'une des universités tunisiennes comme c'est le cas aux USA au lieu de choisir un lieu aussi huppé que le Palais Ennejma Ezzahra. D'autre part, plusieurs invités ont déploré l'absence de jeunes issus des régions de l'intérieur ou de jeunes connus pour leur militantisme durant la révolution tunisienne. Et on se pose la question suivante : est-ce que le critère de la maîtrise de la langue anglaise peut-il être considéré comme un critère représentatif de la jeunesse tunisienne ?