Par Jawhar CHATTY Un environnement propice aux affaires, qu'est-ce que c'est au juste ? La question est aujourd'hui la hantise des pays en quête d'investissements. Autant dire de tous les pays soucieux de la pérennité de leurs économies et de leur rayonnement à l'échelle internationale. Dans cette course effrénée aux avantages compétitifs, les économies les plus avancées sont les premiers champions : innovation technologique, plateforme de communication et de transmission de données en temps réel, logistique en temps zéro et en flux tendus, et...à la base de tout l'édifice, une réactivité presque parfaite des services administratifs rendus à la sphère de l'investissement. Avec, en parallèle et dans les hautes sphères de la finance et des affaires, des réseaux et des rouages bien huilés de la diplomatie économique et de la diplomatie tout court. A ce niveau, les sites d'investissement à l'image du site tunisien demeurent bien loin de la compétitivité hors prix. C'est-à-dire d'une compétitivité qui ne se fonde pas sur le bas coût de la main-d'œuvre ou sur un certain dumping monétaire. Non plus, d'ailleurs, sur des avantages fiscaux et financiers qui ont pour tout «mérite» de solder et d'hypothéquer l'avenir au présent. Bien sûr, le site tunisien de l'investissement n'est aujourd'hui pas dépourvu de certains avantages comparatifs. Il reste toutefois très loin de ce que devra vraiment être un site d'investissements de long terme. C'est-à-dire un site en mesure de capter des flux d'investissement étrangers qui ne viendraient pas seulement le temps de bénéficier de quelques incitations fiscales et financières et, pis encore, d'exploiter au meilleur coût le capital travail. Même s'il y a lieu de reconnaître qu'en ce moment, la Tunisie n'offre pas tout à fait une image d'investissement reluisante à l'échelle mondiale...en dépit tout de même du grand ballet diplomatique que vit, depuis quelques jours, le pays. Dans ce contexte, toute initiative propre à améliorer l'attractivité du site tunisien d'investissement est louable. Pour peu bien entendu qu'elle ait un sens et une véritable portée. C'est à cette lumière qu'il sied d'apprécier une des priorités de l'actuel gouvernement : la réforme de l'administration en tant que premier et pour ainsi dire dernier vis-à-vis et interlocuteur de la sphère de l'investissement. En collaboration avec l'Institut arabe des chefs d'entreprise, le gouvernement a entrepris auprès des cadres et chefs d'entreprise une enquête sur leurs «attentes concernant les heures de travail de l'administration». L'objectif de cette enquête est de trouver la meilleure adéquation entre les besoins de l'entreprise et les horaires administratifs. La démarche est positive puisqu'elle consacre le principe de l'écoute des avis des premiers concernés. Elle a cependant le tort de réduire les attentes des investisseurs à une simple question de gestion des plages horaires du travail de l'administration. Ce qu'attend le plus un chef d'entreprise, et encore davantage un investisseur potentiel, c'est une célérité, une souplesse et une efficacité de l'administration dans le traitement des dossiers qui lui sont soumis ainsi qu'une réactivité aux exigences de la sphère de l'investissement. Les technologies de l'information offrent à cet égard à l'administration tunisienne une large palette de possibilités qui lui permettent d'être en mesure de répondre à temps et à moindre coût aux attentes des investisseurs aussi bien nationaux qu'à l'autre bout du monde. Réorganiser les horaires administratifs de manière qu'ils soient en phase avec le temps de l'entreprise, ne vaut que si l'on pense local, alors qu'il s'agit aujourd'hui de penser global en matière de management et d'investissement. C'est du reste un strict minimum dès lors qu'il s'agit d'avantages compétitifs à l'échelle mondiale. Pour le site tunisien, les priorités ont aujourd'hui notamment pour noms : stabilité sociale, visibilité politique à moyen terme, qualité des infrastructures structurantes, qualité réelle des ressources humaines, efficacité du système bancaire et de financement de l'économie.