A l'attentisme, dont jusque-là a fait montre le secteur privé tunisien, succèdera-t-il bientôt une nouvelle dynamique de l'investissement ? Après les appréhensions et les inquiétudes nourries le plus souvent par «un manque de visibilité» et entretenues par quelques surenchères alarmistes, assisterons-nous bientôt à une réelle reprise de confiance du monde des affaires ? Poser ainsi la question, c'est un peu y répondre. Il est sans doute encore tôt de se prononcer sur les nouvelles tendances de fond de la sphère de l'investissement, mais, quoique discret, le bouillonnement du secteur privé est bien réel. De ce bouillonnement annonciateur de renouveau. Il faut dire que depuis quelques semaines, le secteur privé est tout particulièrement courtisé. Des messages à la fois clairs et forts lui avaient été adressés par les futurs gouvernants du pays. Jamais autant qu'aujourd'hui, il ne s'était «sincèrement» senti en confiance, pour reprendre l'expression d'un grand capitaine tunisien de l'industrie. Ce sentiment de «confiance sincère» se fonde-t-il sur le programme économique du parti politique aujourd'hui dominant ou bien serait-il plus largement encore l'expression d'une liberté d'entreprise retrouvée ? Quoi qu'il en soit, la mainmise sur des pans entiers de l'économie, le découragement des vrais entrepreneurs face au racket de l'Etat, l'insécurité juridique provoquée par les méfaits du clan au pouvoir, la corruption généralisée semblent, aujourd'hui, n'être que de lointains et terribles souvenirs. Et c'est bien ce qui foncièrement, ouvre de nouvelles perspectives à l'investissement et nourrit la confiance des investisseurs. L'acte d'entreprendre se trouve-t-il pour autant et du coup valorisé ? Rien encore n'est moins sûr. Libérer l'acte d'entreprendre à la seule et vertueuse finalité de permettre une création de richesses pérennes, propres à générer de la croissance et de l'emploi, suppose que l'on ne tombe pas dans les erreurs et les travers du passé. Le nouveau code d'incitation à l'investissement vient à cet égard d'apporter de sérieux correctifs en termes de ciblage des incitations à l'investissement. C'est un premier pas dont il faudrait se réjouir en attendant une profonde refonte de notre système fiscal. En clair, peut-on mettre sur un pied d'égalité la création et le développement d'entreprises, sachant que 70 mille jeunes sortent de nos facultés chaque année avec un diplôme, cependant que notre économie n'est capable aujourd'hui d'en absorber que 25 mille? L'idéal serait bien sûr de consolider les entreprises existante, et de les soutenir dans leur quête de compétitivité, et qu'en même temps un effort tout particulier soit déployé en faveur de la création de nouvelles entités économiques. Celles-ci venant irriguer le tissu productif national d'un sang neuf.Un tissu revivifié par l'apport d'une nouvelle génération d'entrepreneurs et épaulé par toute une génération de vaillants entrepreneurs.