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«La compétition politique ne doit pas entraver la dynamique de développement»
Entretien avec M. Riadh Bettaib, ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 02 - 2012

Le calme et la sérénité affichés par M. Riadh Bettaib, ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale, contrastent avec le climat de tension sociale qui prévaut depuis quelques semaines en Tunisie et qui, à l'évidence, n'est pas sans effet en termes d'attractivité du site tunisien de l'investissement à l'échelle internationale. Il semble cependant puiser cette sérénité dans les messages de confiance renouvelée de la sphère internationale de l'investissement tout autant que de la détermination du gouvernement à solutionner l'équation complexe de l'emploi, du développement régional dans une conjoncture économique difficile aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. Pour le ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale, le développement est une responsabilité commune à toutes les forces vives du pays, sans exclusive. Dans cette entreprise, il faudrait, dit-il, dépasser les clivages et les petits calculs politiques et syndicaux, et mettre l'intérêt de la Tunisie au-dessus de toute autre considération. Un message de confiance et d'optimisme objectif est tout particulièrement adressé par le ministre à la sphère privée de l'investissement autant nationale qu'étrangère pour soutenir l'élan de la nouvelle démocratie en devenir qu'est aujourd'hui la Tunisie. Entretien.
Peut-on mettre à l'actif du gouvernement l'heureux dénouement de l'affaire Léoni? Et à quel prix?
Pour le gouvernement, c'est une réussite. Aujourd'hui, nous constatons une amélioration du climat social et de l'environnement des entreprises. Il y a six semaines, beaucoup d'entreprises étaient confrontées à des revendications sociales et à un climat social pour le moins délétère, avec notamment des sit in à répétition. A présent, la machine productive est en marche, aucune usine n'est aujourd'hui en grève. Il y a à ce niveau une avancée considérable. Nous sommes toutefois conscients que le système reste encore fragile. Le dispositif adopté favorise, en premier lieu, le dialogue social. Mais il fait recours, après un certain temps, à l'application de la loi en impliquant le ministère de la Justice. Aidés par les forces de l'ordre, les procureurs de la République dans les régions ont à ce titre accompli un travail remarquable.
Sans doute, mais de l'affaire Léoni et des crises sociales à répétition, l'image du site tunisien de l'investissement s'en trouve quelque peu ternie à l'échelle internationale...
Le groupe Léoni a non seulement repris normalement ses activités dans le site de Mateur, mais il est aussi en train de mettre en place un nouveau projet qui va employer environ 1.200 personnes à Sidi Bouzid. Par ailleurs, quarante nouvelles entreprises allemandes sont en cours d'implantation en Tunisie. D'autres encore ont engagé des extensions d'activité. Cela démontre que notre pays dispose d'un fort capital sympathie à l'étranger et que l'image de la Tunisie nouvelle, respectueuse des droits fondamentaux et de la démocratie, est aujourd'hui florissante à l'échelle mondiale. A cet égard, permettez-moi au passage de dire que les médias ne reflètent pas la vraie image de la Tunisie. Chaque fois que nous recevons une délégation étrangère, nous relevons un grand enthousiasme et un grand intérêt pour le modèle et le processus démocratique dans lequel s'est remarquablement engagée la Tunisie nouvelle.
Il y a tout de même, vous en convenez, une certaine différence entre le capital «sympathie» pour le pays et le capital «confiance» du pays auprès de la communauté internationale dès lors qu'il est question d'engager des investissements...
Le capital confiance et sympathie dont jouit aujourd'hui la Tunisie à l'échelle mondiale est intact. Je dirais même que jamais auparavant la Tunisie n'a à ce point suscité l'estime et l'intérêt de la communauté internationale. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir le nombre de délégations étrangères que nous recevons en ce moment en Tunisie. Quand on reçoit le président du groupe Airbus, le président du groupe Yazaki et les présidents d'autres grands groupes, c'est chaque fois l'expression d'une confiance renouvelée au site tunisien de l'investissement et surtout l'expression d'une détermination de ces groupes à développer davantage leurs activités en Tunisie. Quand on reçoit une délégation d'hommes d'affaires aussi bien d'Australie que de Suède et qui font montre de leur intérêt pour le site tunisien, on ne peut tout naturellement pas dire aujourd'hui que l'image de la Tunisie n'est pas rassurante à l'échelle internationale.
Il n'en demeure pas moins que le gouvernement donne l'impression, dans sa gestion des différentes crises sociales, de disposer d'une faible marge de manœuvre vis-à-vis du mouvement syndical...
Le gouvernement a, dès sa formation, hérité d'un passif en termes de contestations et de revendications sociales : des sit in dans le bassin minier, à la zone industrielle de Gabès et de Sfax, au Groupe chimique, à British Gaz, à la Centrale de Radès, à la sucrerie de Boussalem....La tension sociale était déjà là, mais à aucun moment le gouvernement n'a rompu le dialogue et le pacte social. Avec la direction de l'Ugtt, nous avons commencé à définir, ensemble, le cadre du dialogue social et nous sommes en train de nous ouvrir aux partis politiques, même à ceux qui ne sont pas représentés à l'Assemblée constituante. Je ne vois aucun déficit de communication du gouvernement dans le traitement des crises sociales. Cependant, cet esprit d'ouverture et du respect par le gouvernement du principe du dialogue social, son respect des libertés syndicales, du droit du travail et du droit à l'expression, ne doivent pas être interprétés comme une acception par le gouvernement de toute forme de contraintes et de barrages propres à prendre en otage ou à freiner l'appareil productif national. Nous sommes un gouvernement légitime, issu d'élections transparentes et démocratiques. La démocratie ne signifie pas seulement le respect de la liberté d'expression, mais implique aussi le respect de la loi. Nous sommes dans une période post-révolutionnaire, nous comprenons tout à fait la colère et les attentes de nos jeunes qui vivent une injustice. Il n'y a pas de dignité sans emploi, sans un cadre de vie digne. Mais le gouvernement, il faudrait bien le comprendre, n'a pas de baguette magique. Il est cependant fort déterminé, croyez-moi, à relever les défis de l'emploi des jeunes et du développement régional.
Les IDE à destination de la Tunisie connaissent une baisse de 30%. Comment, dans ce contexte, votre département compte-t-il remonter la pente ?
La Tunisie a, certes, enregistré une baisse de 29 % des flux d'IDE en 2011, mais dans la même période, le Maroc a connu une baisse de 35 % des investissements directs étrangers. Autrement dit, cette baisse est surtout imputable à des facteurs exogènes, notamment la crise économique mondiale et, en particulier, la crise en zone euro. Il est, cependant, de notre devoir de rendre le site tunisien de l'investissement encore plus attractif. Notre avancée démocratique est à cet égard un formidable atout. Cet atout doit être bien exploité en accélérant les réformes de bonne gouvernance, de simplification des procédures de l'investissement. Le nouveau code de l'investissement sur lequel nous travaillons aujourd'hui sera plus attractif par sa simplicité et sera marqué par cette détermination du gouvernement à libérer et à donner un vrai sens à l'acte d'investissement aussi bien pour les investisseurs tunisiens qu'étrangers. Ce nouveau code sera tout particulièrement dédié à l'économie du savoir, aux créneaux à grande valeur ajoutée, à forte employabilité et à forte intégration régionale. Les réformes vont à cet égard devoir toucher aussi bien le système financier et bancaire que le domaine foncier, s'agissant en particulier de la question de délai de déclassement de terrains à des fins d'investissements privés. Il est, en outre, question de mettre en place une stratégie globale de l'investissement à la définition de laquelle prendront part l'ensemble des acteurs économiques et sociaux tout autant que l'ensemble des forces vives du pays.
Qu'en est-il des relations de coopération avec les institutions financières internationales ?
Nous sommes en étroite collaboration avec les différentes institutions financières. Celles-ci sont déterminées à appuyer la Tunisie dans cette période de transition. Nous sommes en train d'établir une stratégie-cadre pour l'année 2012 en vue d'essayer de trouver une solution aux défis que le pays est appelé à relever. La Tunisie n'a aujourd'hui aucun problème de mobilisation de ressources. Les potentialités dont dispose la Tunisie sont très importantes, ne serait-ce que par cette capacité qu'elle a à ouvrir de grands chantiers d'infrastructure qui vont contribuer à la relance de l'économie nationale.
A l'occasion de sa toute récente visite en Tunisie, Mme Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a, semble-t-il, émis quelques réserves quant à la soutenabilité du dossier qui lui a été présenté par le gouvernement. Qu'en est-il au juste ?
Le gouvernement n'a pas présenté de requête au FMI. La coopération avec le FMI n'entre pas, jusqu'à maintenant, dans le cadre de la coopération financière. L'appréciation du FMI est très importante pour nous et Mme Christine Lagarde s'est, à cet égard, montrée compréhensive en regard de l'acuité des grands défis que la Tunisie est appelée à relever.
Pour ce qui est des relations de coopération avec notre environnement euro-méditerranéen et arabe, y aurait-il des espaces ou des sphères privilégiés de coopération ?
Le gouvernement n'a pas cessé de confirmer sa détermination à développer ses relations stratégiques avec l'Europe. C'est un fait et une réalité géographique et historique. Le gouvernement entend bien sûr appuyer les relations avec l'Europe, mais il veut et entend aussi diversifier et élargir le champ de la coopération. Les échanges avec notre environnement naturel, les pays du Maghreb, sont aujourd'hui très faibles. Nous allons veiller à corriger ce différentiel. Là où il y a l'intérêt de la Tunisie et une occasion d'élargir les horizons de la coopération, le gouvernement s'emploie à renforcer les contacts.
Les pays du Golfe font à ce titre non seulement partie de notre environnement naturel et de notre «profondeur», mais ils disposent de moyens financiers importants à telle enseigne qu'ils sont aujourd'hui sollicités par les pays développés. Ces derniers envisagent même de réviser leurs cadres réglementaires afin qu'ils soient propices au développement des produits de la finance islamique et afin de pouvoir, ce faisant, recueillir les investissements des pays du Golfe. Et puis, ces pays sont aujourd'hui actionnaires dans des groupes internationaux de haute facture qui, demain, pourraient être amenés à venir investir en Tunisie. Cet effort de diversification de la coopération s'étend bien évidemment à d'autres sphères et à d'autres espaces économiques. C'est ainsi que nous avons conclu des accords avec la Turquie, d'ailleurs le Président turc est attendu pour une visite officielle en Tunisie au mois de mars prochain. Avec les Turcs, nous travaillons à la préparation d'une zone franche en Tunisie, de même qu'il est question avec la Chine du financement d'un projet de centre hospitalo-universitaire à Sfax, ainsi que d'un projet dans le domaine de l'énergie éolienne. Les Chinois sont également intéressés par la mine de phosphate de Sraourtène. Les Australiens ont, de leur côté, manifesté leur intérêt pour des projets dans les domaines de l'agriculture et de l'élevage intensif et intégré tout autant que pour le secteur du phosphate.
Quelles sont vos ambitions en termes de volumes d'investissements pour l'année 2012 ?
Mis à part l'apport attendu des grands projets, on table sur un volume d'IDE d'au moins 2.500 millions de dinars. Pour ce qui est des grands projets, des mégaprojets seront bientôt annoncés, notamment un projet de ville intégrée, un projet dans le domaine de la technologie, un projet d'implantation d'une université de renommée internationale, un projet de services de santé...Nous avons aujourd'hui des offres de grands projets de plus de 20 milliards de dollars chacun. Il y a de même des groupes internationaux intéressés par la création de nouvelles banques en Tunisie, quoique la politique dans ce domaine n'est pas encore fixée, ainsi que des fonds d'investissement étrangers qui auraient un intérêt pour appuyer le secteur privé et le développement régional. Nous avons besoin de grandes banques qui auraient un apport nouveau pour la Tunisie, il y a à ce titre de la place pour une ou deux nouvelles banques internationales de finance islamique.
Quel message voulez-vous transmettre aux investisseurs tunisiens et étrangers et bien au-delà ?
C'est avant tout un message de confiance et d'optimisme. Pour réussir la bataille économique, nous comptons sur la participation de toutes les forces vives du pays . La compétition politique ne doit, en aucun cas, entraver la dynamique de développement et la réalisation du projet sociétal que nous voulons tous pour la Tunisie.


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