La création d'entreprise n'est pas un phénomène spontané. De l'éclosion d'une idée de projet jusqu'à sa concrétisation, le chemin est souvent long, sinueux et difficile. Dans ce parcours, la phase de quête de sources de financement du nouveau projet n'est pas la plus difficile. Sans doute, la rigidité du système bancaire et le peu de perméabilité dont il faisait naguère montre vis-à-vis des nouveaux projets, a fortiori innovants, constituaient-ils dans une certaine mesure un frein à l'investissement privé. Mais, non seulement les choses sont à ce niveau en train de changer mais, en aucun cas, le comportement et la réaction du système bancaire ne devraient être des sources de démotivation ou de découragement chez les jeunes initiateurs de projets. On sait, en effet, par expérience qu'à concurrence égale ,sinon davantage, le profit de l'initiateur de projet est aussi déterminant dans le processus de création d'entreprise que la solidité et la pertinence du projet lui-même. C'est à l'initiateur de projet qu'il revient en premier de savoir « vendre » son idée de projet, de la défendre et de la valoriser auprès de toutes les institutions impliquées dans la dynamique de l'investissement. En clair, il lui appartient en premier de ficeler, de bout en bout, son idée de projet et de la doter d'un certain différentiel d'attractivité qui ne pourra guère laisser longtemps indifférents ses interlocuteurs. Parce que la tâche n'est pas aisée, ne la rendons pas encore plus ardue ,voire désespérante, par une profusion stérile de mécanismes, de structures et d'institutions qui a le seul avantage, si l'on ose dire, de déboussoler le jeune initiateur de projet. Un seul vis-à-vis suffirait, en l'occurrence ,pour peu qu'il soit réellement efficace et réactif aux attentes et aux besoins des investisseurs potentiels. Sans pour autant dire que les pépinières d'entreprises ou encore les centres d'affaires ont démérité en manquant à leur mission de soutien aux jeunes initiateurs de projets, il y a lieu d'en évaluer le véritable rendement et, à cette lumière, d'opter pour de nouveaux choix qui iraient un peu plus dans le sens d'une création «spontanée» de nouvelles entités économiques. De fait, ce qui caractérise le mieux la nouvelle génération de jeunes initiateurs de projet, c'est cette fertile impatience qui appelle une plus grande réactivité de la part aussi bien de l'administration que du système de financement des projets. Une réactivité qui devrait amener tout particulièrement la sphère financière à adopter, à l'égard des jeunes investisseurs potentiels, une posture proactive. Jusque-là, les banques, du moins certaines d'entre elles, n'ont fait que développer de nouveaux produits, à l'instar du crédit d'études. Mais aucune, nous semble-t-il, n'a encore daigné tisser des liens avec la sphère de la recherche scientifique ou avec l'université ! C'est pourtant là que, dans les pays développés, les banques vont chercher et financer les entrepreneurs de demain. C'est avec une rare facilité que les jeunes d'aujourd'hui surfent sur la vague de l'Internet. C'est avec la même aisance qu'ils « zappent », preuve d'une impatience sans doute, mais aussi d'une grande curiosité et d'une soif de nouvelles connaissances. Peut-on aujourd'hui répondre à ce foisonnement et à cette énergie potentiellement créatrice de la même manière que naguère et avec le même mode de pensée ? Poser ainsi la question , c'est évidemment y répondre. En clair, c'est une nouvelle pédagogie de l'investissement qu'il faudrait développer . Une pédagogie qui prendrait foncièrement en considération le mode de pensée et l'esprit de « revendication » des jeunes qu'a remarquablement dégagés et fait naître la révolution du 14 janvier 2011. La sphère de l'investissement privée ne s'en trouvera que revigorée et surtout revivifiée par ce sang neuf et cette énergie prodigieuse dont sont animés les jeunes. Une énergie qu'il faudra cependant savoir épauler et rendre créatrice.