Par Abdelhamid GMATI Notre journal rappelait, dans son édito de mardi, que les promesses de soutien à notre pays, faites par diverses parties étrangères, par ailleurs admiratrices de notre révolution, sont «en attente de concrétisation». L'on peut s'interroger sur ce «retard». Bien entendu, le climat social perturbé actuel, créé par les sit-in, les grèves, les manifestations, les actes de violence, les outrances des salafistes, laisse tout le monde dans l'expectative, même parmi les Tunisiens. Les pays «frères et amis» suivent de près ce qui se passe en Tunisie et ils n'ont pas besoin de la presse tunisienne pour se tenir au courant. Mais il y a aussi une autre donnée qui entre en jeu. Un journal saoudien y fait référence. Commentant la récente visite de notre Premier ministre en Arabie Saoudite, le journal lui reproche d'avoir demandé un soutien financier sous forme de dons et rappelle que «tous les pays du monde vivent une conjoncture économique difficile dont les pays riches». Ce qui veut dire qu'aucun pays «ne peut octroyer des fonds colossaux sous forme de dons». Les pays arabes, comme les autres, font face à la crise mondiale actuelle et tentent de sauver leurs avoirs. On apprend ainsi que «près de 10 % des investissements étrangers dans l'immobilier neuf londonien proviennent du Moyen-Orient. L'instabilité politique de la région incite les riches investisseurs privés à chercher d'autres zones, plus sûres pour leurs placements. Au Bahreïn, au Qatar ou à Oman, les plus fortunés lorgnent Londres. En 2011, le total des transactions opérées avec des investisseurs arabes se chiffrait à 1,25 milliard de Livres Sterling (1,5 milliard d'euros). Ce qui représente pas moins de 9% du total des fonds étrangers investis. Les révoltes qui ont suivi le printemps arabe ont poussé les investisseurs privés à délocaliser leur argent vers des destinations plus sûres». De son côté le prince saoudien Alwalid Ibn Talal vient de valider le projet de construction de la plus haute tour du monde (plus de 1000 mètres, celle de Dubai étant à 820 mètres), selon l'agence de presse Reuters. Surnommée Kingdom Tower, elle sera située à Djeddah, en Arabie Saoudite, et mesurera plus d'un kilomètre de hauteur. Un contrat de 1,23 milliard de dollars a été signé pour bâtir l'édifice. «Ce projet fournira des bénéfices durables», a précisé le prince. Chacun cherche et défend ses intérêts. Lors de sa récente visite en Tunisie, le Cheïkh Salah Abdallah Kamel, président de la Chambre islamique de l'industrie et du commerce et président de la Chambre de Jeddah pour le commerce et l'industrie a proposé la création, avec le concours de l'Utica (Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat) d'une société d'exploration des opportunités d'investissement en Tunisie. Il a aussi affirmé que son groupe «Al Baraka» est disposé à «appuyer les entreprises tunisiennes et à les aider à multiplier leurs investissements», et à inciter les investisseurs saoudiens à créer de nouveaux projets en Tunisie et à tirer profit, dans ce cadre, des avantages offerts par le nouveau climat d'affaires découlant de la révolution. Il s'agit donc de projets d'entreprises viables permettant la création d'emplois et de richesses au bénéfice des deux partenaires. La société d'exploration proposée devrait donc, dans un premier stade, identifier et étudier les diverses possibilités et développer des projets porteurs. C'est donc à nous Tunisiens et particulièrement à nos gouvernants et hommes d'affaires, d'étudier et de proposer des projets concrètement afin d'attirer les investisseurs intéressés, au lieu de se contenter de demander des aides, des soutiens ou des prêts. La sympathie suscitée partout dans le monde par la révolution est une excellente chose ; mais elle a des limites et ne suffit pas dans le monde des affaires. Les affaires d'abord ! Le cheikh Salah a également proposé la création d'une société de perfectionnement et de recrutement des compétences humaines tunisiennes. Ce afin d'aider à combattre le chômage. Les cadres tunisiens ainsi formés (perfectionnés) seraient alors recrutés dans les pays du Golfe. Bonne initiative. Nos cadres iraient donc travailler et rapporter quelques devises. Et aussi un peu... de wahabisme.