Par Ezzeddine BEN HAMIDA* Comment explique-t-on le «chaos» aujourd'hui dans le pays et la grogne des Tunisiens ? Comment sortir de ce marasme ? Ne faudrait-il pas des décisions urgentes sur le plan socioéconomique et politique, aussi symboliques soient-elles, pour absorber la grogne populaire? Des figures emblématiques de la vie politique des vieilles nations démocratiques ne se sont-elles pas sacrifiées pour sauver leur parti et par-dessus tout leur pays ? L'histoire des grands partis politiques ne nous renseigne-elle pas sur des démissions symboliques des grands hommes politiques qui ont représenté un vrai tournant dans le cheminement démocratique de leur pays ? Regardons ce qui s'est passé récemment en Allemagne, une véritable leçon de démocratie, un très haut niveau de discernement politique et d'estime de soi et de son pays : Le président allemand Christian Wulff, mis en difficulté par des accusations portant sur des faveurs politiques indues, a annoncé vendredi 17 février sa démission. Il s'agit simplement d'un début de soupçon formulé par le parquet de Hanovre. Ne nous comportons pas comme les politiques français, ces vieux chnoques, attachés désespérément et lamentablement à leur poste avec des mandats parfois de 9 ans : le Sénat, renouvelable de 1/3 tous les 3 ans. Une drôle de conception de la démocratie n'est-ce pas ? Certains sénateurs y sont depuis près de 30 ans bien qu'ils soient impliqués parfois dans certaines affaires de malversation ou de mœurs. Ayons une haute image de nous-mêmes, ce haut niveau de discernement civique et politique. Le départ du fondateur historique d'Ennahdha n'est-il pas, franchement, souhaitable pour absorber le mécontentement de la population et rassurer les plus réticent à l'égard d'Ennahdha, c'est-à-dire les 60% qui n'ont pas voté pour ce mouvement ? Ses déclarations fracassantes et son soutien inconditionnel aux salafistes, intégristes et rétrogrades, ne sont-ils pas de nature à semer le doute sur les vraies intentions de ce parti ? Ne fait-il pas de l'ombre à monsieur Hamadi Jebali dont le charisme, l'intégrité et la sagesse sont incontestables ? Mieux encore, Monsieur R. Ghannouchi n'est-il pas en train de planter la carrière de son gendre, Monsieur Rafik Abdesselem, sans doute un très bon ministre des Affaires étrangères maîtrisant merveilleusement bien la langue de Shakespeare ? Le leader d'Ennahdha ne confond-il pas le verbe admirer par aimer ? Aimer c'est éprouver de l'affection, de la tendresse et de la sympathie alors qu'admirer c'est considérer, contempler. Monsieur R. Ghannouchi, n'est-il pas plus admiré qu'aimé par les Tunisiens pour son combat et son opiniâtreté ? Ne devrait-il pas partir et laisser le sage Hamadi Jebali, ce «prophète» des temps modernes, conduire la Tunisie nouvelle vers la démocratie et la prospérité ? Ne devrait-il pas partir et laisser les jeunes de son grand mouvement reprendre le flambeau ? * (Universitaire)