Le président égyptien Jamel Abdennasseur, l'emblème du nationalisme arabe, qui a réuni les peuples arabes de l'Océan au Golfe par ses discours épiques, a constitué l'image du héros capable de lever la bannière arabe et de sauvegarder la dignité de la foule arabe dépouillée sous le joug du colonialisme. Ces opinions ont servi de références qui inspirent les nationalistes arabes passionnés. Mais son décès amèrement vécu a abîmé leurs ambitions. Pendant les années 1980, le mouvement nationaliste arabe a repris le parcours suite à l'avènement de Saddam Hussein, l'homme qui a ravivé les rêves périssables chez les nationalistes arabes dès la mort d'Abdennasseur. Ainsi, l'espoir revient aux âmes dans un temps où la complicité des gouvernements arabes s'accroît de sorte que l'affaire palestinienne, qui demeure la mère de toutes les affaires et la blessure inguérissable de la nation, est devenue un trafic très rentable pour nos chefs. En citant les tentatives considérables de ces deux leaders dans la défense de l'inviolabilité des Arabes, on ne peut nier leurs apports et vertus pour notre nation. Nous citons, à titre d'exemple, que le gouvernement irakien sous le règne de Saddam a contribué outrageusement et vigoureusement à soutenir le système éducatif tunisien tant qu'il a offert à notre pays plusieurs manuels scolaires édités en Irak. En outre, ce pays était la destination de plusieurs Tunisiens comme d'autres Arabes pour y étudier l'informatique. Bien plus, Jamel Abdennasseur était bel et bien le père de la résistance palestinienne puisqu'il tenait la lutte contre le sionisme et la libération de la terre sainte comme objectifs principaux dans son agenda politique. A vrai dire, les deux chefs ont atteint la gloire lorsqu'ils se sont soulevés contre l'Occident, et aussi par leur combat contre l'impérialisme. D'ailleurs, nous sommes fiers des Scuds irakiens qui ont bombardé l'inexpugnable Israël. Par ailleurs, on relève constamment à travers les bilans diplomatiques de ces deux leaders, que l'échec l'emporte sur le succès. En effet, le recours à des solutions militaires promptes entamées par des régimes politiques aussi rigides que têtus afin de réaliser le rêve arabe a échoué, lamentablement, suscité des défaites humiliantes et favorisé des régimes autoritaires. Cependant, ni Saddam ni Abdennasseur n'étaient à l'écoute de l'avis opposé même s'il ne dépasse pas le seuil d'un conseil. Souvent, les opposants étaient condamnés à mort et les exécutions étaient fréquentes. De ce fait, les expériences nationalistes dans le monde arabe ont abouti à renforcer des pouvoirs totalitaires qui ont privé les peuples de la liberté, le droit naturel suprême. Aujourd'hui, après le déclenchement des révolutions arabes pour la liberté, la dignité et la démocratie, les nationalistes arabes reviennent sur la scène politique. Les partis unionistes réapparaissent aussi. Ces partis doivent, tôt ou tard, s'accorder pour bien gérer la nouvelle conjoncture. On recommande aux partis nationalistes de se libérer du symbolisme et du culte des chefs politiques comme Saddam et Abdennasseur. Je conçois que l'hommage aveugle est inutile parce que les deux sont recensés parmi les morts et leurs desseins rayonnent dans les archives. Je ne veux pas dire qu'il faut rejeter le passé, de même je reconnais à l'histoire l'intérêt de nous faire comprendre le présent comme elle nous aide à envisager le futur; mais je vois qu'il est indispensable que le nationalisme arabe, au sein d'une renaissance arabe en cours, se renouvelle pour pouvoir s'adapter à la mondialisation. De même, les nationalistes arabes doivent se pencher sur les écrits à propos des doctrines du panarabisme avec un esprit critique pour que l'esprit unioniste soit conforme à l'actualité arabe. En somme, ces partis doivent adopter une idéologie moderne. Les nationalistes doivent à leur tour se réveiller d'un songe postiche : un monde arabe sans frontières, un leader inspirateur, etc. Les Arabes ont besoin d'une conscience nationale démocratique épanouie favorable à produire des gouvernements puissants qui peuvent par la suite réaliser le renouveau arabe rêvé. Enfin, nous souhaitons que le panarabisme retrouve son lustre le plus tôt possible.