Pas moins de 400 spécialistes, pharmaciens et cadres médicaux venant de France, Suisse, Algérie et Tunisie, ont pris part aux travaux des 6e Journées d'hygiène et de qualité des soins ayant pour thème : «Sécurité des patients : un défi à relever», placées sous le haut patronage du ministère de la Santé publique et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Organisées par le service d'hygiène hospitalière du CHU Farhat Hached en collaboration avec la Société tunisienne pour l'éducation et la promotion de l'hygiène hospitalière (Soptephh), la Société française d'hygiène hospitalière ainsi que l'OMS, elles ont eu lieu à Sousse dans un hôtel de la place les 28 et 29 avril. Le professeur Joseph Hajjar — médecin hygiéniste à Valence et président de la Société française d'hygiène hospitalière —, au cours de sa conférence titrée : «Quelles leçons à tirer de la pandémie grippale AH1N1 de 2009?», a rappelé le déroulement de cette grippe en France, et ce, entre fin avril 2009 (détection du 1er cas) et la mi-janvier 2010 (fin de la 1ère vague épidémique). Il a indiqué qu'en France et au cours de la période précitée, il y a eu environ 350 morts de cette grippe. Il a précisé — par comparaison — que la grippe saisonnière est beaucoup plus grave car elle tue en France entre 5000 et 6000 personnes chaque année. Compte tenu de cet état de fait, il a affirmé que 5 leçons méritent d'être tirées de cette pandémie grippale. Il est question d'être prêt pour finaliser un plan stratégique au niveau national et local (cellule de crise, plan d'activités continues…), de gérer la bonne communication (rumeurs concernant l'efficacité du vaccin, directives et instructions de l'Etat…) et de se préparer pour assurer la réussite des actions entreprises (absentéisme dans les hôpitaux, afflux massif de patients, surcharge de travail…). Il est question également de tenir compte des erreurs (nécessité de faire un plan intermédiaire, adaptation aux situations nouvelles…) et enfin de former les professionnels de santé (médecins, infirmiers, techniciens de labo…) aux mesures de prévention (protection respiratoire par les masques, hygiène des mains…) et de déployer une bonne stratégie de vaccination. «L'intérêt de cette pandémie est de remettre au devant de la scène les mesures d'hygiène de base (hygiène respiratoire et hygiène des mains) pour les professionnels de santé et la population», a-t-il conclu. Au cours de sa conférence, le Pr Pascal Astagneau — spécialiste en hygiène hospitalière et enseignant à l'université Pierre et Marie Curie de Paris — a indiqué que le rôle principal de la recherche est de produire des connaissances utiles pour les professionnels de santé. Les méthodes de recherche dans ce domaine se basent à la fois sur l'épidémiologie, la microbiologie et les pratiques médicales. Les questions de recherche les plus importantes aujourd'hui concernent «La compréhension des mécanismes de résistance aux antibiotiques des bactéries», «Les facteurs de risque d'infection pour les patients à l'hôpital» et enfin «Les conséquences économiques ainsi que la mortalité chez ces infectés». Pour répondre à ces questions, a-t-il ajouté, il est nécessaire de développer des outils permettant d'évaluer la fréquence, la gravité et l'évolution de ces infections. Parmi les outils les plus importants, il a cité les audits de pratique de soins, la surveillance épidémiologique de ces infections et la formation des professionnels de santé. «Le développement des projets de recherche sur ces thèmes est indispensable pour faire progresser les connaissances et améliorer les pratiques de soins et la sécurité des patients», a-t-il conclu. Les participants à ce congrès considèrent à ce titre que le défi lancé par l'OMS s'intègre parfaitement dans le cadre de la politique nationale en matière de santé, politique orientée en plusieurs points du programme du Président Ben Ali. A cet égard, les participants relèvent que certains points mériteraient d'être retenus au niveau de la charte de l'OMS : faire reconnaître l'importance des infections associées aux soins, consolider les campagnes aux différents niveaux pour promouvoir et améliorer l'hygiène des mains, notamment par l'utilisation des produits hydro-alcooliques par les acteurs du système de soins, diffuser les informations relatives aux infections associées aux soins, notamment aux professionnels afin de favoriser l'adoption de mesures préventives appropriées, promouvoir les référentiels actualisés des bonnes pratiques et de comportement afin de réduire les risques d'infections associées aux soins et enfin favoriser et soutenir la collaboration avec les instituts de recherche, les établissements de formation, les universités et les établissements de santé afin de garantir la pleine utilisation des connaissances et des expériences dans le domaine des infections associées aux soins.