«Les technologies de l'information et de la communication (TIC) peuvent réduire les disparités régionales en Tunisie, en accélérant le rythme du développement économique et de l'intégration sociale», indique un nouveau rapport commandité par «infoDev», programme de partenariat mondial pour la technologie et l'innovation établi à la Banque mondiale, rendu public jeudi. L'étude, intitulée «Tunisia: from revolutions to institutions» (La Tunisie, des révolutions aux institutions), part du constat que «le taux de chômage est de l'ordre de 20 à 30% dans les régions intérieures plus isolées, contre moins de 10% dans les grandes villes, situées sur la côte». Elle fait ressortir la manière dont «les petites et moyennes entreprises (PME), privilégiant les technologies, peuvent être le moteur de l'expansion économique et de la création d'emplois, notamment dans les provinces de l'intérieur qui sont isolées sur le plan économique». «Il est probable que les entreprises tunisiennes de TIC trouvent des débouchés intéressants en Afrique du Nord et dans certaines régions de l'Europe parce qu'elles peuvent communiquer en arabe et en français et que leur main-d'œuvre est meilleur marché». «Les entrepreneurs ont, toutefois, exprimé le sentiment de leur impuissance face au coût de la poursuite de l'activité économique et au contrôle par l'Etat de marchés cruciaux qui a été instauré par le régime précédent. Ils comprennent aussi la nécessité d'avoir un système d'enseignement supérieur mieux adapté aux besoins du marché, qui produit des diplômés possédant des connaissances nouvelles et pratiques». Les TIC, qui ont joué un rôle fondamental dans la révolution tunisienne de 2011, continuent, selon le rapport, de contribuer de manière cruciale aux efforts déployés pour s'attaquer aux causes profondes des soulèvements. De nouvelles technologies et applications sont nécessaires à la création d'une économie dynamique générant des emplois durables pour une population tunisienne caractérisée par sa jeunesse et à la constitution d'une société ouverte et transparente. L'étude publie le témoignage de la directrice des opérations pour la Tunisie à la BM, Eileen Murray, qui estime que «le peuple tunisien demande une bonne gouvernance et la participation de la population civile. Il veut une croissance économique solidaire, ce qui est l'objectif central de nos programmes». «En devenant un chef de file dans le domaine des TIC, qui sont essentiels à toute économie concurrentielle, la Tunisie pourra continuer de montrer la voie dans la région», ajoute-t-elle. Durant les travaux de recherche, qui ont donné lieu à plus d'une centaine d'entrevues avec des représentants de toutes les couches de la société, les Tunisiens ont témoigné de leur optimisme et de leur espoir de pouvoir participer davantage au processus de gouvernance. Cette assertion est certainement corroborée par le recours abondant et croissant aux médias sociaux et aux médias politiques en ligne, qui permettent à une nouvelle classe d'entrepreneurs potentiels et de cadres novateurs de s'exprimer. «La Tunisie offre un cadre unique et propice pour comprendre la contribution que les TIC peuvent avoir dans le développement économique et social», explique Valerie Da Costa, chef du programme «infoDev», selon laquelle «l'étude décrit de manière détaillée ce qui reste à faire pour permettre aux TIC de contribuer à la création d'une économie dynamique, à la mise en place d'un gouvernement responsabilisé et à la réalisation de l'intégration sociale». Les travaux de recherche en Tunisie, qui ont été assurés par le cabinet d'études économiques «Reboot» et un partenaire local, s'inscrivent dans le cadre d'une prochaine étude d'«infoDev» financée par «UKaid» qui sera consacrée à la contribution des TIC à la reconstruction des pays à l'issue d'un conflit ou d'une révolution, et couvrira au total six pays. A préciser qu'«infoDev», programme de partenariat mondial établi à la Banque mondiale, est actif dans les domaines de l'innovation, des technologies et de l'entrepreneuriat, en vue de créer des opportunités propices à une croissance solidaire, à la création d'emplois et à la réduction de la pauvreté. (TAP)