Ayant été mis en suspens l'an dernier, pour cause de troubles post-révolution, Jazz à Carthage reprend cette année avec la même fougue et la même envie de bien faire, relevant encore et toujours le même défi d'organiser un événement récurrent qui donne à entendre du jazz dans toute sa diversité. Et l'affiche de cette édition répond à cette variété. Les inspirations sont plurielles et les mélanges subtils. Que les influences soient blues, rock, samba, boléro, pop, folk, que la dominante soit classique ou les rythmes, ceux de l'Afrique originelle, le jazz est toujours présent à l'oreille. Le jazz, on n'en fera jamais le tour. Surprenant, déroutant, en perpétuel mouvement et renouvellement, il est là depuis des générations sans jamais prendre une ride. Musique éternellement adolescente, partagée entre la tradition dont elle est issue, les rencontres et les surprises d'un devenir toujours relancé. Une musique aussi qui puise dans le réel son extraordinaire longévité, alors comment s'étonner que la plupart des artistes de cette édition, aient, pour une bonne part, des engagements marqués ? A commencer par ceux issus de la nouvelle scène tunisienne, Badiaa Bouhrizi et Bendirman, dont la voix se faisait entendre bien avant le 14 janvier. Qu'ils mettent en chansons cet engagement, comme Otis Taylor dont le blues perpétue les souffrances du peuple noir ou la grande Luz qui avait réagi aux attentats de Madrid, ou qu'ils payent de leur personne comme Inna Modja pour les femmes africaines ou Radiodervish pour la paix, les artistes ne sont pas hors de la société civile. Les plus grands sont tout aussi impliqués et malgré un agenda très chargé, Branford Marsalis, se donne sans compter que ce soit pour des concerts de soutien, pour réformer les modes de transmission du jazz ou encore pour reconstruire un quartier des musiciens à la Nouvelle-Orléans. Mais quel artiste n'a pas rêvé de changer notre vision du monde ne serait-ce que le temps d'une soirée? C'est en cela que réside leur talent, transformer leur prestation en air connu, en refrain familier. Que leurs créations aient l'évidence des tubes comme celles de Hindi Zahra ou qu'elles semblent puisées à un fonds commun comme avec la pop de Julian Perretta ou la samba de Paula Lima ou encore le blues, version cuivres, de Boney Fields ou version rock, de Michael Burks, les musiciens sont dans le partage. On ne peut que les suivre, avec bonheur, quitte à se laisser entraîner sur les sentiers de traverse des petites musiques divergentes, comme celles de Joey Calderrazzo, de Franck Salis ou Triotonic. On peut aussi les entourer, les accompagner dans l'hommage qu'ils rendent à ceux qui les ont précédés et prendre part aux reprises, qu'elles soient tonitruantes comme celles de Earth, Wind and Fire des Al Mc Kay Allstars ou si délicieusement séduisantes comme celles de Stacey Kent. Jazz à Carthage qui se tiendra cette année du 5 au 15 avril encore une fois dans la salle de spectacle de l'hôtel Barcelo de Gammarth, drainera certainement un grand public de jeunes et de moins jeunes. Les prix des billets varient entre 10 et 50 dinars, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Le programme Voici, le programme en détail : Jeudi 5 avril Badiaa (Tunisie) 12 Stacey Kent (Etats-Unis) Vendredi 6 avril Otis Taylor (Etats-Unis) Samedi 7 avril Earth Wind and fire experience feat.T Allstars (Etats-Unis) Dimanche 8 avril Inna Modja (Mali) Julian Perretta (UK) Mardi 10 avril Frank Salis H30 (Suisse) Branford Marsalis et Joey Calderazzo Mercredi 11 avril Triotonic (Autriche) Hindi Zahra (Maroc) Jeudi 12 avril Radiodervish (Italie-Palestine) Paula Lima (Brésil) Samedi 14 avril Luz feat, Luz Casal (Espagne) Dimanche 15 avril Bendir Man I'm coming Bendirland T. Michael Burks (Etats-Unis).