BERLIN (Reuters) — Le renflouement de la Grèce va permettre de protéger l'euro, a assuré hier la chancelière allemande Angela Merkel, qui tente de convaincre une opinion publique sceptique à moins d'une semaine d'une élection régionale importante. Son gouvernement a approuvé dans la matinée le déblocage de 22,4 milliards d'euros, qui constitueront la contribution de l'Allemagne au plan d'aide de 110 milliards approuvé dimanche par les ministres des Finances de la zone euro. Angela Merkel a longtemps traîné des pieds pour promettre une aide à une Grèce endettée, face à l'hostilité d'une grande partie de la population et dans la perspective d'une élection régionale cruciale, le 9 mai, dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie. Mais elle a fini par céder aux pressions de l'Union européenne et du Fonds monétaire international en donnant ce week-end son aval à un mécanisme d'aide sans précédent. Désormais, il va lui falloir convaincre ses électeurs. En cas de défaite dimanche prochain, sa coalition avec les libéraux-démocrates du FPD pourrait perdre la majorité à la Chambre haute du Parlement et l'obliger à revoir ses projets de baisses des impôts et de réforme de la santé. "Cette réponse sous la forme d'une loi signifie que nous n'aidons pas seulement la Grèce, nous stabilisons aussi plus globalement l'euro", a déclaré la chancelière à la presse. La première économie européenne apportera la plus grosse contribution au plan d'aide en débloquant 28% du montant total des prêts, a-t-elle indiqué. Si la Grèce ne rembourse pas ses crédits, le contribuable allemand en sera pour ses frais. Mais après des mois de vive opposition à un renflouement de la Grèce, de nombreux parlementaires et éditorialistes s'accordent aujourd'hui à dire qu'il n'y a aucune alternative pour sauver la zone euro. Le quotidien financier Handelsblatt a même publié en "une" un article mettant en avant les investisseurs qui se sont engagés à acheter des emprunts grecs. Merkel à la recherche d'un consensus Angela Merkel devra aussi convaincre le SPD, dans l'opposition, qui réclame un durcissement de la réglementation pour les spéculateurs et les banques appelés à participer à l'aide pour la Grèce. Devant les journalistes, la chancelière a de nouveau plaidé pour un renforcement de la régulation des marchés financiers et s'est prononcée en faveur de la création d'une agence de notation européenne. Joachim Poss, numéro deux du groupe parlementaire du SPD, a déclaré que son parti déciderait d'apporter ou non son soutien au déblocage de l'aide allemande après des discussions avec le gouvernement hier. "Mme Merkel doit renforcer sa crédibilité en luttant contre la spéculation et en (faisant campagne) pour une taxe financière effective en Europe", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision ZDF. Le gouvernement, qui s'est plusieurs fois engagé à durcir la régulation afin de lutter contre les spéculateurs, tente aujourd'hui de rallier les banques au dispositif de soutien à la Grèce. Le ministre des Finances aimerait parvenir à un consensus sur un sujet aussi important. Le SPD peut cependant ralentir la procédure en demandant des auditions en commission, ce qui pourrait raviver l'inquiétude des marchés et embarrasser la chancelière. Mais alors qu'elle tente de convaincre son opinion publique, des voix s'élèvent au sein de la zone euro pour dénoncer ses hésitations, accusées d'avoir accentué la crise. Par ses atermoiements, Angela Merkel a sapé la confiance des marchés dans la capacité de l'UE à gérer les problèmes et ainsi augmenté la facture de la crise, disent ses détracteurs. Autrefois plébiscitée au sein de l'UE, la chancelière a dérouté ses interlocuteurs ces derniers mois par ses nombreux volte-face sur le dossier grec. "Merkel a utilisé des stratégies en vue de l'élection de Rhénanie du Nord-Westphalie qui lui ont valu d'être surnommée la ‘‘dame de fer‘‘", commente Joachim Poss, en faisant référence au surnom donné à l'ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher.