Le sit-in observé devant le siège de la délégation de Rémada se poursuit pour la deuxième semaine consécutive. Le nombre de protestataires a augmenté par rapport aux premiers jours. Trois jeunes sont déjà entrés en grève de la faim. L'état de santé de l'un d'eux qui est à son quatrième jour s'est dégradé. Il a été transféré d'urgence à l'hôpital de la ville. Non loin de Rémada, dans la localité de Kambout, d'autres jeunes ont bloqué la route qui mène vers les gisements pétrolifères d'El-Borma. Ils ont confisqué une dizaine de véhicules appartenant à des sociétés pétrolières exerçant dans la région. Nejib Dhifallah, porte-parole des manifestants, déclare : «Jusqu'à présent on se sent marginalisés par les autorités. C'est la raison pour laquelle on est obligé d'accentuer la pression. Notre sit-in est ouvert. Nous revendiquons notre droit au travail et la part de Rémada dans le développement.» Dans la délégation d'Ajim, dans l'île de Djerba, les citoyens des deux localités limitrophes Guellala et Wersighen sont à leur cinquième jour de sit-in. Ils protestent contre l'emplacement de la décharge municipale qui a pollué toute la zone depuis 2007, disent-ils. Ils ont dressé une tente à l'entrée de ce dépotoir et empêchent les tracteurs et autres engins d'y accéder. A Ben Guerdane, les sans-emploi poursuivent leur sit-in pour le cinquième jour de suite. Ils ont changé d'endroit, hier, pour quitter le bureau de travail et prendre place à la municipalité. Ils protestent contre les chiffres avancés et les critères de recrutement dans la Fonction publique. A 45 km de là, à Zarzis, les diplômés du supérieur ont pris d'assaut, hier matin, la Banque nationale agricole. Ils empêchent l'accès dans cette institution bancaire aussi bien aux fonctionnaires qu'à la clientèle, parce que cette boîte vient de recruter deux filles originaires d'une délégation voisine, disent-ils, alors que les diplômés chômeurs se comptent par centaines à Zarzis. Don de deux ambulances à l'hôpital régional de Zarzis Par le biais des associations caritatives et des actions de bienfaisance, l'élan de solidarité a pris de l'ampleur depuis le 14 janvier 2011. Les zones défavorisées, les orphelins, les handicapés et les nécessiteux d'une façon générale en ont tiré profit, et c'est tant mieux. Dernièrement, un petit groupe de bienfaiteurs zarzissiens résidents à l'étranger ont acquis deux ambulances pour les offrir à l'hôpital régional de Zarzis. L'instigateur de cette action et son principal coordinateur est M. Salem Zraïer. Dans une communication téléphonique de Paris, il n'a pas caché, cependant, sa déception quant à la lenteur des formalités administratives : «Effectivement, j'étais à l'hôpital de Zarzis, il y a quelques semaines, pour rendre visite à un proche parent qui y est hospitalisé. J'ai pu constater beaucoup d'insuffisances et des équipements vétustes. Mais la scène qui m'a le plus touché, ce jour-là, était l'agression physique du directeur de l'hôpital, de la part de quelques forcenés, apparemment d'une même famille, parce que, faute de moyens, il n'a pu leur procurer une ambulance pour le transfert d'un des leurs à Sfax. De retour à Paris, j'ai contacté quelques amis et je leur ai raconté l'histoire qui les a secoués. Alors on a décidé de faire une collecte et on a vite acquis deux ambulances et d'autres équipements paramédicaux, dans l'intention de les envoyer, le plus vite possible, à Zarzis. Les deux véhicules sont prêts avec leur cargaison et on attend toujours l'O.K. Des contacts ont été entrepris avec l'ambassade de Tunisie, le consulat de Paris, la Compagnie tunisienne de navigation, l'hôpital régional de Zarzis, mais au lieu de simplifier les procédures au moins pour ce genre d'opération, puisqu'il s'agit de véhicules destinés aux urgences, les formalités administratives compliquent encore plus la mission. Des labyrinthes qui rappellent l'ancien régime. On attend toujours.»