La Maison Ayed. C'est la maison familiale, là où je suis né. Il s'agit d'un décor principal (l'action n'est pas censée se passer à Ksar Hellal, mais dans un village du côté de Hergla). On cherchait une grande et belle maison; on n'a pas trouvé de meilleure, parmi toutes celles qu'on a visitées, que notre maison qui est, aujourd'hui, un musée. J'ai un petit droit de préemption en tant que fils de la famille Ayed. C'est en fait la maison où je suis né et qui a remporté l'adhésion du réalisateur et cela me fait plaisir. Car c'est une manière de filmer la maison ailleurs que dans un documentaire. Il y a eu beaucoup de documentaires sur cette maison qui a accueilli le fameux Congrès du Néo-Destour à Ksar Hellal, mais la voir dans une action normale, avec des pièces équipées, est pour moi une grande fierté. Nessma. C'est une première expérience, surtout pour Nessma. La chaîne rentre dans la logique de production normale qui consiste tout d'abord à produire les fictions lourdes, les feuilletons de 30 épisodes, et ensuite à confier leur production à un producteur exécutif. C'est doublement intéressant, parce que, d'une part, cette télévision investit dans la production et, d'autre part, c'est un marché nouveau pour les producteurs et les techniciens. Nessma ne pouvait pas produire seule le feuilleton pour la simple raison que le scénario m'appartient, j'en détiens les droits d'auteur. La chaîne a su que j'avais ce scénario qui les intéressait, on a alors commencé à négocier. Je suis dans une logique différente de la production exécutive. Je suis initiateur. On ne me donne pas des scénarios à produire. Je parie plutôt sur les scénarios et j'en achète les droits. Je fais également écrire les scénarios. J'en ai une bonne dizaine sur lesquels je travaille. Le scénario est excellent. Il contient tous les ingrédients de réussite. De toute façon, les vraies chaînes ne discutent pas à partir d'un scénario fini, mais à partir d'une idée, d'un concept, d'une manière de travailler. Le travail dans l'urgence, on n'y peut rien. Cette année, je travaille beaucoup plus à l'aise qu'avant. Au niveau du scénario, il reste encore deux épisodes qui ne sont pas encore terminés. On a commencé relativement tôt à travailler. La préparation a démarré à temps, le tournage a été retardé d'une semaine. On a pris notre temps pour faire le meilleur casting possible qui est, par ailleurs, magnifique. On a décidé de travailler autrement, même au niveau du filmage avec des caméras de cinéma full HD comportant des focales fixes. Les moyens cinématographiques sont plus difficiles, mais les résultats seront complètement différents de ce qui se fait d'habitude. Les paris. Il y en a plusieurs dans ce feuilleton. Celui de le faire à Nessma, celui de le faire pour la première fois en Tunisie avec des moyens cinématographiques, celui d'avoir un casting au top et une équipe énorme, jamais réunie. Nous sommes 72 techniciens et 100 acteurs. Rien que pour l'image, nous avons une équipe de dix personnes. Les moyens cinématographiques nécessitent plus de techniciens : des assistants et des pointeurs pour le changement des focales. D'autre part, nous parions sur des jeunes. Le directeur photo Mahbouli ainsi que toute son équipe. Dans tous les départements, il y a 70% de jeunes. Le budget est de deux milliards et demi, hors taxes. La moitié de ce budget est allée aux salaire des techniciens et des comédiens pour 20 semaines de tournage et 8 semaines de préparation. La partie la plus lourde est celle des salaires, mais également l'équipement qui est très cher, comme le matériel électrique, la machinerie, etc. Nous avons loué le meilleur matériel qui existe sur la place que même les professionnels du cinéma ont du mal à se procurer, tant il est coûteux.