Le ministre du Tourisme, Elyes Fakhfakh, a exprimé son étonnement quant au doute émis par certains analystes ou commentateurs à propos de la fiabilité des statistiques établies par son département. «Ces statistiques sont disponibles et rendues publiques. Elles sont établies selon les normes en vigueur», a-t-il lancé au cours d'un point de presse tenu au Casino de Djerba où se déroulent les travaux de la deuxième journée de la VIe conférence internationale sur l'avenir du tourisme en Méditerranée. Le ministre, qui a qualifié de «détracteurs » ces analystes, a remis en cause leur crédibilité soulignant que leur objectif est de «tirer à boulets rouges» sur l'administration du tourisme, sans plus. N'empêche, le ministre reconnaît qu'il y a toujours une «marge d'erreur» tolérée dans l'établissement des données et que certains ratios font défaut tels que le calcul des recettes touristiques par touriste. Répondant à une question sur les inquiétudes des professionnels et des touristes quant à d'éventuelles mesures « préconisées » cet été pour plus de « décence » lors des baignades en piscine, et ce, que ce soit au niveau de la tenue de baignade ou encore de l'aménagement du temps des baignades de façon à assurer la non-mixité, le ministre a réfuté en bloc ces présomptions, affirmant qu'aucun membre du gouvernement, du secteur ou de l'administration, n'a fait de telles propositions. «Au contraire, a-t-il souligné, tout le monde est déterminé à apporter une plus-value au tourisme. Nous voulons ouvrir au secteur de nouveaux horizons et lui apporter plus de clientèle». Citant l'exemple de l'AKP en Turquie, M.Elyes Fakhfakh a affirmé que depuis que le parti islamiste turc est au pouvoir, le nombre des touristes est passé de 10 millions en 2002 à 30 millions en 2012. Qui peut dire dès lors que l'Islam est une menace pour le tourisme ? Interrogé sur le plan d'action actualisé par le cabinet d'études Roland Berger, le ministre a souligné que l'orientation stratégique à l'horizon 2016 a été définie. Toutefois, le plan d'action ne porte que sur la première année, puisqu'il s'agit d'un «gouvernement de transition qui n'est là que pour une période courte ». «On veut mettre un axe sur les mesures conjoncturelles et les actions de retour sur investissement rapides. On veut donc commencer par les choses qui sont urgentes, nécessaires et réalisables en 2012/2013 », a indiqué le ministre qui a évoqué une douzaine de projets dans le cadre de ce plan d'action. Le ministre, qui a préféré ne pas dévoiler les détails de ces actions, a toutefois signalé qu'ils toucheront tous les aspects du secteur, en l'occurrence les standards des aéroports, les gîtes ruraux, le lancement de trois sites pilotes, et deux méga-évènements culturels. Certes, les grands dossiers sont aussi en chantier tels que l'open sky, la qualité des services et la formation. Pour ces réformes structurelles, une unité de gestion par objectifs sera incessamment mise en place, a avancé le ministre du Tourisme. «Nous sommes dans l'action et non pas dans l'expectative. On est là pour gérer l'urgence, pour transformer dans l'immédiat», a asséné le ministre sur un ton révolté contre la lourdeur administrative, qui ne permet pas une liberté d'action. C'est donc la mécanique opérationnelle de la mise en œuvre qui intrigue le ministre. Là, nous sommes en train de monter le projet pour le faire approuver par un conseil qui a proposé la création de cette unité afin de disposer d'un outil plus souple, plus flexible de gestion. Interpellé sur la question de la coupure du courant électrique dans certaines unités hôtelières, le ministre du Tourisme a révélé que cela est dû aux problèmes structurels dont souffrent plusieurs établissements touristiques. Il a rappelé, à ce propos, que la facture énergétique des hôtels est calculée sur la base des tarifs subventionnés par le Fonds de compensation de l'Etat, soit au même prix que pour les services prodigués par la Steg aux citoyens alors que là, logiquement, la compensation devrait profiter aux couches vulnérables de la société. « C'est déjà un fardeau pour l'Etat», a-t-il souligné. A une question relative au report ou à l'éventuelle annulation cette année du Rallye de Tunisie, le ministre a expliqué que le soutien du ministère à cette manifestation de sport mécanique n'a pu être possible, à cause d'un conflit qui a éclaté entre les deux entreprises organisatrices de l'évènement. Pour le ministre, qui a exprimé son regret de voir cette manifestation qui a trente ans d'histoire dans notre pays risquer de ne pas avoir lieu, il n'y a pas l'ombre d'un doute, «il fallait sélectionner les manifestations fiables». Interrogé à propos de l'impact négatif sur le rendement des unités hôtelières placées sous administration judicaire et des hommes d'affaires interdits de voyage, le ministre, qui a brossé un tableau sur la complexité du dossier qui relève de trois départements et du manque cruel de moyens pour agir sur les délais, a avoué que «ça bloque quelque part», mais a révélé que seul le respect des procédures sera le garant d'une réelle justice transitionnelle.