• Fermeture totale, durant deux jours, de la principale route du sud et paralysie de l'activité socioéconomique à Tajerouine La tension est montée d'un cran depuis deux jours dans le sud du gouvernorat du Kef où des dizaines de jeunes diplômés sans emploi mènent un mouvement de protestation et bloquent la principale route du sud au niveau de Tajerouine, une ville située sur plusieurs axes routiers menant vers le sud du pays et vers l'Algérie. Les jeunes protestataires réclament l'emploi, une attention de la part du gouvernement Hamadi Jbali au sujet de la précarité des conditions de vie de la population dans cette région meurtrie par la pauvreté et longtemps marginalisée sous l'ancien régime. Le gouverneur de la région s'est même rendu sur place, mardi, en vue de négocier une issue honorable à cette crise et a promis aux sit-inneurs de trouver une solution à leurs problèmes, tout en se déclarant prêt à examiner leurs requêtes au cas par cas. Néanmoins, les protestataires ont refusé tout dialogue avant que des mesures concrètes ne soient prises pour résoudre le problème du chômage qui prévaut dans toute la région. D'autres jeunes diplômés, originaire de Sakiet, ayant perdu tout espoir de voir le gouvernement prendre des décisions sérieuses pour résoudre la question du chômage dans le gouvernorat du Kef se sont rendus au siège du gouvernorat mais le gouverneur ne les a pas reçus. Ils ont alors décidé de séquestrer un bus appartenant à la société régionale de transport du Kef et obligé le chauffeur à transporter des dizaines de sans-emploi vers le point frontalier de cette ville où ils ont bloqué la route et empêché le transit vers l'Algérie, avant de lever leur sit-in et de libérer le chauffeur et le bus. Les revendications des jeunes de Sakiet interviennent dans un contexte difficile marqué par le manquement du gouvernement à ses promesses, selon les déclarations recueillies sur place. En effet, ils reprochent au ministre de l'Industrie et du Commerce, Mohamed Lamine Chakhar, de leur avoir donné un miroir aux alouettes lors de la journée organisée le 8 février à l'occasion de la commémoration des événements glorieux du 8 février 1958 qui ont constitué une date symbole pour l'achèvement de l'indépendance de notre pays et la libération de l'Algérie sœur. Le ministre avait, en effet, présenté ce jour-là la maquette d'une zone industrielle prévue au sud de Sakiet, sur une superficie de 260 ha et qui devrait générer 20.000 postes d'emploi. Il avait également promis que le projet démarrerait au plus tard dans trois mois. Mais les jeunes de Sakiet n'ont pas baissé les bras et exigent que le projet soit mis en route le plus tôt possible, autrement ils menacent de lancer un vaste mouvement de protestation, d'autant plus qu'ils n'ont pas hésité à se rendre aux frontières algériennes à deux reprises pour réclamer l'asile. Il va de soi qu'une telle promesse avait réellement nourri un grand espoir de libération du joug de la pauvreté et de la misère dans cette région frontalière. Mais ce n'est qu'«une autre fausse promesse» du gouvernement, s'indigne un jeune diplômé en informatique, estimant que le pays n'a pas rompu avec les pratiques de l'ancien régime. D'autres jeunes déplorent carrément la marginalisation de la région au niveau du budget complémentaire et considèrent que la part qui devrait revenir à la région du Kef est minime, voire insignifiante. Ils accusent le gouvernement d'avoir opté pour une politique injuste et dénoncent de surcroît cette dérive insoutenable des orientations budgétaires de l'Etat. Pour le moment, tout le monde est sur le qui-vive et la population commence à désespérer, ce qui risquerait, à terme, d'entraîner un total embrasement de la situation sociale dans la région, surtout si le gouvernement continue à faire la sourde oreille aux requêtes légitimes des sans-emploi.