De victoire facile, l'entrée en matière de notre Malek national s'est transformée en petit film de suspense Malek Jaziri a frôlé la correctionnelle hier sur le court central ; le public, la crise cardiaque. Vous vous imaginez un peu l'énorme sensation d'une élimination au tout premier tour du «Jazz national» ?! Simple tennis-fiction heureusement car, s'il s'est fait peur contre le Français Maxime Teixeira, Malek Jaziri s'en est aussi sorti plus fort et plus adulé. Dans un pays où les idoles sont de paille, Malek Jaziri s'est taillé ces derniers temps une réputation de héros national, digne d'être le porte-drapeau sportif de la Tunisie post-révolutionnaire. Voilà en effet un homme qui s'est fait seul, qui a connu de grosses galères, qui s'est battu et qui cueille aujourd'hui les fruits d'années de travail, de patience et de souffrance. Décidément, cette révolution réveille bien des vocations en même temps qu'elle enterre inexorablement les empêcheurs de tourner en rond. Envolée lyrique ? Oh que non, car nous avions vu hier sur le central des gens heureux, toutes ces Tunisiennes et ces Tunisiens dont bon nombre étaient, le matin, à l'avenue Bourguiba et qui s'étaient donné rendez-vous en fin de matinée et en début d'après-midi au Tennis Club de Tunis pour supporter Haythem Abid et Malek Jaziri. Il revient de loin, de très, très loin Haytem, mais nous avions eu plaisir à le voir et à le rencontrer. Un peu mal à le voir partir si tôt mais ce n'est qu'un au revoir... Il nous l'a promis. Puis vint le tour de Malek Jaziri, escorté de son clan : son frère Emir mais aussi Mehdi Ben Gharbia, président du CAB. Ne manquaient à l'appel que les frères Zouaoui et... Khalti Bahija. Ce sera peut être pour la finale... Débuts laborieux puis l'envol face à un Maxime Teixeira en veine de cadeaux : huit doubles fautes en seulement trois jeux. Le Français était dans un trou noir alors que Malek Jaziri ne donnait pas l'impression de forcer son talent. Bien campé au fond du court, il a assuré en maintenant à son tour son adversaire au fond du court. En d'autres termes, pas de tennis-champagne, pas de passing shots et peu de montées au filet. C'est dur la terre battue, quand on a passé une saison sur les surfaces rapides, que le soleil tape fort et que la... contracture qui a valu à Malek Jaziri d'être éliminé au premier tour à Barcelone se réveille petit à petit. C'est d'autant plus dur que le Français avait commencé à jouer intelligent tactiquement en bloquant les montées de Malek en insistant sur le revers du Tunisien, à multiplier les amortis et à monter au filet. Moments difficiles, moments de doute (les gradins étaient pétrifiés en dépit de quelques Paparam de parade) qui ont amené Jaziri à la perte du set et à un début de troisième set stressant. Mais dans tout cela, nous n'avons pas décelé un seul instant que Malek perdait confiance en ses moyens ou en sa bonne étoile. Petit à petit, il remonta la pente et profita encore une fois de quelques doubles fautes qui firent la perte de son adversaire. Si compliqué qu'il ait été, ce match aura sans doute eu le mérite de faire entrer Malek Jaziri dans le vif du sujet. Sans préliminaires. Ce n'est pas ce que les femmes préfèrent le plus mais c'est ce que veut le tennis !