Vers cette période de l'année, il est un fruit qui occupe une place de choix sur les étals de nos marchands et bien sûr quelques étalages de fortune qui lui sont entièrement réservés par-ci, par-là quelque part en ville : c'est la fraise. Dès la fin avril déjà, mais surtout avec le mois de mai, c'est la pleine saison. Elle nous est offerte maintenant à 1dinar 700 millimes le kg en moyenne. Cela va de 1,6 dinar à 1,8 dinar… voire 2 dinars des fois ! Tout dépend du calibre, de l'éclat, de l'emplacement… Considérée en milieu agricole comme étant un point de soudure entre la saison des agrumes et celle des fruits d'été, sa campagne s'étend en moyenne sur quelque cinq mois, en moyenne de la fin février à la fin juin. Qu'en est-il cette année? Côté espaces alloués à cette culture? Côté comportement de la saison et production ? Et la raison de la hausse relative des prix ? Pour bien évaluer le comportement de la campagne en cours, il faut aller en relever les indices et indicateurs dans «le fraisier de la Tunisie» : le Cap Bon. Cette région couvre à elle seule 97% de l'espace national alloué à cette culture. Avec comme chef-lieu Korba qu'en occupe environ 75%. Viennent ensuite en premier lieu El Mida, puis Béni Khiar, ensuite le reste. Cette année, la plantation (en septembre) n'a couvert que 470 ha, contre 520 la saison précédente. Cette réduction est due au manque très important d'eau dans les barrages, essentiellement de Lobna et de Chiba qui étaient pratiquement à vide. D'autant plus que l'on ne pouvait pas compter sur les puits dont l'eau a un degré de salinité relativement fort élevé. Parce que la fraise est un fruit des plus exigeants en la matière à côté d'un sol adapté, elle exige une eau pourvue en abondance et dont le degré de salinité n'excède pas 1 gramme. D'où une peur de la soif prononcée de la plante, donc la réduction de l'espace qui lui est réservé. Les prévisions de la production cette année accusent de ce fait un fléchissement. Elles sont de l'ordre de 14.000 t, contre 15.000t l'année précédente. C'est ce qui a un peu agi sur les prix. A cela s'ajoute le fait qu'il y a eu un décalage de l'entrée en production, en raison des froids exceptionnnels de janvier et février qui ont provoqué un retard des moments de floraison et de maturation, donc de l'entrée en production. Ce qui fait qu'actuellement, on est à environ 30% de la production, contre 45% pour la même période de l'année précédente. Du reste, il y a le manque de «concurrence» sur le marché. Les facteurs climatiques défavorables ont causé un retard de la production des espèces fruitières précoces (la pêche, l'abricot, la nèfle…). Donc, en dehors de la pomme et de la banane, importées et affichées au prix que l'on sait, la fraise se trouve sans vrai concurrent. En somme, c'est ce qui explique un peu l'élévation de ce fruit chéri cette année.