«C'est aux journalistes de se prendre en charge et d'organiser une forme d'auto-régulation. Quant au dialogue même, s'il est difficile avec les politiques, il ne doit jamais être rompu, et c'est par le débat que les Tunisiens parviendront à trouver un consensus autour de la restructuration et la gestion du secteur des médias». En gros, une presse libre est indispensable à la démocratie, indispensable au développement et au progrès humain, l'indépendance des médias est sacrée. Les médias tunisiens doivent défendre leur indépendance et c'est légitime. Ils ont devant eux, de plus, deux chantiers: la professionnalisation et le respect d'une déontologie. Sur les deux points, la balle est dans le camp de leurs instances représentatives: c'est aux journalistes eux-mêmes de régler leurs problèmes. Le seul soutien qui puisse venir de l'extérieur concerne la formation. Des conseils qui résonnent comme des recommandations tombées hier au cours d'une rencontre informelle qui a réuni certaines figures du monde des médias tunisiens avec M. Jânis Kârklins, le sous-directeur général pour la communication et l'information de l'Unesco (et organisateur de la conférence de Tunis) et ses collaborateurs. Il a précisé, à ce propos, que les moyens de l'Unesco ne sont pas illimités mais que pour l'heure grâce à une donation du gouvernement suédois, une enveloppe est destinée à consolider le secteur des médias et de l'information en Tunisie. Les demandes doivent être, précise-t-il, présentées rapidement et de façon explicite. Par consolidation et soutien, il entend évidemment la formation. «Nous sommes très contents du déroulement de la manifestation» Cet échange informel intervient au bout de deux journées de conférence sous le thème peu original de «la liberté de la presse et son rôle dans le changement des sociétés». Cette conférence de l'Unesco, qui se tient annuellement, voyage chaque année dans un pays différent. La Tunisie a été choisie pour une raison symbolique évidente. Un pays qui a montré selon les responsables onusiens un modèle de transition sociale réussie. Ils ont également choisi notre pays pour des raisons d'étude et d'analyse : «Nous avons voulu savoir et analyser quel rôle les médias ont-ils joué pendant le soulèvement populaire, et par la suite quel rôle les médias doivent tenir pendant la transition au cours du processus de réconciliation nationale et celui de la recherche de l'identité nationale», nous explique M. Kârklins. Pour ce qui est de l'évaluation du succès de la manifestation, il sera visible, après un certain temps ici à Tunis, puisque cette rencontre permettra aux journalistes et aux responsables des médias et les politiques de plancher sur les problématiques qui y ont été soulevées. L'année prochaine, une attention particulière sera dédiée aux questions de la sécurité des journalistes. L'Unesco compte en faire son cheval de bataille.