• Révision des conventions sur l'immigration vers l'Europe • Examen au sein de la Constituante du projet de mise en place d'un conseil consultatif de l'immigration • L'affaire des Tunisiens disparus en Italie demeure en suspens Cinq mois après la constitution du gouvernement, le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'étranger marque un temps d'arrêt pour évaluer ses actions et faire le bilan de ses réalisations et de sa mission en tant que nouveau département créé suite à une revendication nationale. «L'immigration, une mission nationale qui exige un surcroit d'efforts, eu égard aux problèmes et aux difficultés qu'impose ce dossier, qui balise la voie à l'édification d'une nouvelle politique nationale de l'immigration. Notre département veille depuis sa mise en place à l'établissement d'un dialogue permanent avec l'Europe, axé essentiellement sur la politique sécuritaire, politique et économique étroitement liée au dossier de l'immigration», précise M. Houcine Jaziri, secrétaire d'Etat à l'Immigration et aux Tunisiens à l'étranger, lors d'une conférence de presse tenue hier au sein de son département, où il a donné d'amples éclairages sur les nouveautés de ce dossier, les principales mesures réalisées et les activités programmées durant la saison estivale 2012. Il est à noter que le nombre de nos ressortissants à l'étranger a atteint en 2011, 1.200.818, dont 358.542 (29,8%) sont porteurs de la double nationalité. Ils sont répartis comme suit : un million résidant en Europe, soit 83%, 50% en France, 15,3% en Italie, 6,9% en Allemagne, 13,7% dans les pays arabes et 3,1% dans d'autres pays. «Les Tunisiens à l'étranger occupent une place de choix dans les nouvelles orientations de notre pays, qui a insisté sur la présence de cette frange de la société dans l'Assemblée constituante, qui représente environ 10%. Force nationale agissante, les Tunisiens à l'étranger jouent un rôle direct dans la promotion du processus de développement économique à l'étranger. En outre la commission technique de l'immigration, créée en janvier 2012 a été chargée d'examiner un armada de dossiers, et ce, avec la collaboration des ministères de la Justice, de la Défense, de l'Intérieur et des Affaires étrangères. Dossiers où seront traitées moult problématiques relatives à la protection des droits des Tunisiens à l'étranger, les multiples conventions avec l'Europe nécessitant une révision», ajoute M. Jaziri. Pour ce qui est du staff social à l'étranger, le secrétaire d'Etat a rappelé que son département a mis fin à la mission de 16 attachés sociaux appartenant au RCD dissous et procédé à de nouvelles nominations. La rénovation a touché 50% du réseau. Actuellement, ce département veille à la mise en place d'une nouvelle conception du travail social à l'étranger et à la modernisation des missions des attachés sociaux et la promotion de leurs interventions. «Les statistiques ont montré la réalisation de 14000 interventions sociales et de services au titre de l'année 2011 (aides judiciaires, visites aux hôpitaux et aux prisons, les conflits familiaux...), souligne M. Jaziri. Concernant le programme culturel que le secrétariat compte réaliser en collaboration avec le ministère de la Culture, il vise l'édification de centres socioculturels à l'étranger qui remplaceront les maisons du RCD, sachant que sept centres ont été fermés depuis la révolution et dont la réouverture est prévue prochainement. De nouveaux centres seront créés à Londres, au Qatar, aux Emirats Arabes Unies, au Maroc... A cela s'ajoute la récupération d'autres sièges du RCD à Paris, Marseille et Lyon, que le gouvernement compte les transformer et les mettre à la disposition de la communauté tunisienne et aux composantes de la société civile. Le secrétariat d'Etat à l'Immigration et aux Tunisiens à l'étranger a pris l'initiative dès le début du l'année 2012 de changer le nom des espaces des familles pour devenir «la maison du Tunisien, le centre social et culturel», qui seront installés à Paris, Bruxelles, Milan, Palerme, Casablanca, Benghazi, Tripoli... Parmi les nouveautés, M.Jaziri a indiqué que son département compte entamer une restructuration de l'Office des Tunisiens à l'étranger (OTE), visant à renforcer davantage l'efficacité de ses interventions et de sa stratégie. Mieux encore, le nouveau département prévoit le lancement du projet «historique» de création d'un conseil consultatif de l'immigration, dont les prérogatives, les objectifs, la mission, le cadre juridique... seront examinés et analysés au sein de la Constituante, en vue de les réintégrer dans la nouvelle Constitution. «Nous veillerons par ailleurs à la création d'un observatoire national de l'immigration, qui sera chargé de collaborer avec les institutions des statistiques en vue d'établir une stratégie de l'immigration et des consultations en la matière (analyse des conventions de l'immigration, des mécanismes mis en place...). Un autre projet non moins important consiste en la mise en place d'une agence tunisienne de l'immigration et du développement, qui n'a pas encore vu le jour, «mais que nous comptons présenter au Chef du gouvernement pour approuver sa création et son utilité», précise M. Jaziri. Toujours dans le cadre des nouvelles créations, le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'étranger prévoit la création d'un comité pour l'emploi à l'étranger, et ce, dans l'objectif de faciliter la mobilité des demandeurs d'emploi dans les pays d'accueil. Concernant l'intégration de la main-d'œuvre tunisienne dans le marché de l'emploi libyen, M.Jaziri a indiqué que la Tunisie a besoin de conforter sa présence dans ce pays à travers la mise en place d'un consulat à Misrata, Sabha et Tripoli, «pour pouvoir développer concrètement notre stratégie de l'immigration et faciliter l'affectation de ceux qui désirent y aller. Le dossier de l'immigration en Libye est en cours d'examen. Notre objectif est de prévenir tous les demandeurs d'emploi désirant s'installer en Libye des opérations d'escroquerie. Dans le même ordre d'idées, notre département a établi plusieurs contacts avec l'Union européenne pour faciliter l'acquisition des visas de recherche du travail». Pour ce qui est de la contribution de la communauté tunisienne à l'étranger au processus de développement, les indicateurs montrent que le volume global des transferts d'épargne des Tunisiens à l'étranger a atteint 2.801 millions de dinars en 2011 contre 2.953,4 millions de dinars en 2010, avec une baisse de 5,2%. En 2012, ces transferts ont enregistré une évolution de 21,5% au cours du premier trimestre. Pour les projets économiques déclarés, leur nombre a atteint 1.174 en 2011 contre 900 en 2010, avec une évolution de 30,4%. D'autres thématiques ont été évoquées lors de cette conférence de presse, dont le renouvellement des visas pour les Tunisiens qui sont partis avant le 5 avril 2011 en Italie à la recherche d'un emploi, l'affaire des jeunes Tunisiens disparus en Italie qui reste jusqu'à aujourd'hui en suspens, outre l'extradition des 22 prisonniers tunisiens en Irak dont la date demeure encore inconnue.