• Essoufflement d'un modèle mono-produit • Valorisation du patrimoine : faible et peu créative L'île de Djerba est la première zone touristique du pays. Depuis bien des années elle accapare plus de 25% du chiffre d'affaires du secteur, forte en cela d'un parc hôtelier de 50.000 lits répartis sur 137 unités hôtelières, soit 22% de la capacité globale du pays. Au cours des dernières années, l'île ne cesse de voir son tourisme vaciller. C'est l'essoufflement d'un modèle de développement basé essentiellement sur un mono- produit. Elle risque, en l'absence d'un sursaut, de perdre sa position. Une telle éventualité est synonyme de gâchis pour l'économie locale et pour l'ensemble de la destination. Elle souffre en effet d'une saisonnalité accrue, d'un littoral, long de 250 km, qui se dégrade, d'une panne flagrante d'animation, d'une forte dépendance des tour-opérateurs et d'insuffisances graves au niveau de son accessibilité aérienne. Son tourisme perd en compétitivité et, partant, de sa rentabilité. L'île se trouve aujourd'hui dans l'urgence de relever des défis majeurs afin qu'elle puisse appréhender l'avenir de son tourisme avec sérénité. La sonnette d'alarme fut tirée avec force lors d'un récent colloque tenu à Djerba, en marge de la conférence internationale portant sur l'avenir du tourisme méditerranéen, à l'initiative de l'Organisation mondiale du tourisme et du gouvernement tunisien. Il faut agir sur le produit de l'ile qui a fait sa notoriété et qui a perdu ses caractéristiques propres. Permettre à ce produit d'être en phase avec le marché comporte, sans nul doute, des préalables, dont essentiellement la qualité de la prestation, la formation du personnel opérationnel, la valorisation du patrimoine et l'animation touristique qui reste faible et peu créative. Les 26 restaurants classés que compte l'île sur un total de 350 brillent par leur négligence à l'égard de la gastronomie locale et tunisienne en général, pourtant variée et d'une grande richesse et pouvant s'ériger en un bon vecteur de promotion. Son seul parcours de golf, pourtant de qualité, est peu fréquenté. Ses 19 centres de thalassothérapie sont proposés à des tarifs anormalement bas pour un produit à haute valeur ajoutée. Autant d'ingrédients qui risquent d'enfoncer la crise de produit que vit le tourisme à Djerba. Il est évident que pour relancer cette activité et la placer dans une perspective d'avenir il faudrait un plan, des moyens et des hommes. Ce qui prouve tout naturellement à la qualité de l'analyse de l'état des lieux, à la pertinence des actions à entreprendre, à la mobilisation des budgets alloués à une promotion spécifique, régionalisée et ciblée et à la relance même du secteur au sein de l'île et qui devrait émaner des propres acteurs de Djerba. Ce qui prouve la nécessité d'une redistribution des rôles de chaque opérateur dans le sens de l'efficience. Car quand les règles déontologiques sont bafouées et les prérogatives usurpées, la porte reste ouverte à la mauvaise et préjudiciable spirale : de la pratique déloyale au bradage des prix, à la détérioration de la qualité et enfin à la désaffection des touristes. Le sursaut doit aussi souffler sur le parc hôtelier dont 70% ont plus de 25 ans d'âge. Or force est de constater que le plan de mise à niveau des hôtels enclenchée depuis 2005 n'a touché qu'une partie infime des installations touristiques. Le constat est peu reluisant. Ses incidences sont et seront à terme graves en l'absence d'une accélération autrement plus importante du programme de mise à niveau.