Le printemps, c'est bien connu, inspire la légèreté, le bon plaisir et le goût de la futilité. On a des envies de jolies choses qui vous viennent avec le beau temps, celles d'un décor nouveau, d'un accessoire inédit, d'un superflu soudain si nécessaire. A l'Atrium, à Carthage, on sacrifiait cette semaine à l'air du temps, le temps, justement, d'une exposition féminine, toute de délicatesse et de grâce, exposition à trois mains, trois imaginations, trois savoir-faire différents : Floralies. Fatma Belkhodja, Penelope des temps modernes, brodait comme une fée, ses amies le savaient. Ce qu'on savait moins, c'est qu'elle réalisait, au petit point, de gracieuses miniatures, bouquets ou compositions, ravissants motifs d'une minutie exceptionnelle : dentelles et rubans s'allient aux perles de corail, d'ambre ou de turquoise, les cristaux et le jade viennent incruster les tissages de sarma, les macramés et les tapisseries au point de croix rehaussent de délicats coussins. Nous sommes dans un univers de contes de fées où les princesses, victimes d'un charme, le brisaient par l'habileté de leur aiguille et leur virtuosité de brodeuse. Egalement invitée pour ces Floralies de l'Atrium, Hend Babou, ou la faiseuse de couffins. L'engouement, qui a donné ses lettres de noblesse à cet humble attribut familier, ne faiblit pas. Et on l'interprète sous toutes les variations : juponné de dentelles, sanglé de cuir, ficelé de laines de couleurs, rehaussé de broderies d'argent, éclairé d'un sourire ravageur, fleuri, à pois, le couffin, indéniablement se porte bien, Floralies, aussi, pour Rachida Jerbi Gaieb qui prend le mot au pied de la lettre, et présente de gracieuses aquarelles, natures mortes et paysages fleuris. C'est léger, printanier, fluide et coloré. Une promenade bien rafraîchissante que ces Floralies.