L'Association Aswat Nissa (voix de femmes) a organisé hier à Tunis, une journée d'information sur la ratification du protocole facultatif se rapportant au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. L'allocution d'ouverture a été donnée par Mme Ikram Ben Said, présidente de l'association, qui a souligné que «pour que l'application des droits économiques, sociaux et culturels soit mieux garantie sur le plan juridique, il faut que l'Etat signe le protocole facultatif se rapportant au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. Les composantes de la société civile et même les citoyens pourraient porter des plaintes individuelles relatives aux droits économiques, sociaux et culturels, après l'entrée en vigueur du Protocole», a-t-elle ajouté. De son côté, Mme Salwa Hamrouni, juriste universitaire, a indiqué que «l'Etat est appelé à prendre des mesures juridiques afin d'assurer l'application des droits économiques, sociaux et culturels». Pour ce faire, la société civile, étant une force de pression, «peut pousser l'Etat à la ratification du protocole», a-t-elle ajouté. Pour elle, on ne peut pas parler de droits politiques et civils si les droits économiques, sociaux et culturels n'existent pas et vice versa. Bref, le protocole facultatif permettra aux personnes dont les droits économiques, sociaux et culturels sont violés et qui n'ont pas pu obtenir justice au niveau national, d'exercer un recours au niveau international. Par ailleurs, la conférencière a assuré que le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels est, actuellement, ratifié par 160 Etats dont la Tunisie depuis 1969. Alors que le protocole facultatif n'est signé que par 8 Etats seulement et afin que ce dernier entre en vigueur, il faut que deux autres Etats le signent. Notons que la ratification de ce protocole facultatif, qui n'est pas obligatoire, ne peut être signé que si le Pacte international a été déja signé . Quant à M. Azzem Mahjoub, économiste universitaire, il a parlé d'une part d'un «contrat social général» basé sur la citoyenneté et l'égalité. «Nous voulons que la relation entre le citoyen et l'Etat soit une relation de citoyenneté assurant, non seulement les libertés et les droits, mais aussi les devoirs», a-t- il expliqué. Le principe de la citoyenneté c'est l'égalité entre les individus, notamment entre l'homme et la femme sans distinction régionale, ethnique, religieuse... «Aujourd'hui, il faut militer en vue d'instaurer une citoyenneté entre les individus et l'Etat, la transition vers un Etat démocratique est alors devenue nécessaire», a-t-il résumé. L'orateur a, d'autre part, présenté des données et des statistiques relatives à l'égalité entre l'homme et la femme. Concernant le droit à l'éducation, le taux de l'analphabétisme est de 11,4% chez les hommes, alors qu'il a dépassé les 26,4% chez les femmes. Ce pourcentage a dépassé le 39,7% dans les gouvernorats intérieurs et il a atteint 40% à Siliana et Jendouba. Il a insisté, en outre, sur le fait que 40% des chômeurs sont des femmes. En fait, sur un total de quatre femmes, une seule femme travaille. Dans le même contexte, il a affirmé que 22,6% des diplômés sont au chômage. Ce taux est de 44,2%, soit le double parmi la population féminine. Sur un autre plan, le conférencier a souligné que la précarité du travail et le chômage sont à l'origine de la plupart des sit-in et des grèves, d'ailleurs 43,4% des employés travaillent sans contrat. Notons que l'Association Aswat-Nissa œuvre pour que la femme soit une actrice active pour la construction des prochaines étapes et pour qu'elle soit aussi consciente de ses droits et de ses devoirs.