La coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle et la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme ont organisé, conjointement, hier, une conférence nationale portant sur «le traitement judiciaire des dossiers des martyrs et des blessés de la Révolution», avec la participation d'une pléiade de juristes, avocats et représentants de la société civile. Dans son allocution d'ouverture, Me Amor Safraoui, président de la coordination, a indiqué que l'objectif de cette rencontre est de trouver des solutions qui préservent les droits des martyrs et des blessés de la Révolution ainsi que des accusés, en leur offrant les garanties juridiques nécessaires. Il a insisté, dans le même contexte, que la coordination «ne cherche pas des boucs émissaires mais veut accélérer le règlement de ce dossier qui observe jusqu'à aujourd'hui un retard et une lenteur administrative et judiciaire étonnants». Ce dossier est devenu un sujet de tractations politiques et de surenchères laissant au dépourvu les familles, obligées à chaque fois de manifester pour exiger l'accès à leurs droits. Me Safraoui précise que cette conférence est une occasion pour avancer des suggestions concrètes permettant d'accélérer le traitement de ces dossiers qui traînent encore au sein des tribunaux militaires. «Cela traduit la volonté du gouvernement de clore ce dossier et d'entraver les démarches pour la recherche de la vérité, ainsi que l'attribution des réparations aux victimes», ajoute-t-il. De son côté, Me Béchir Manoubi Ferchichi pense que le processus démocratique est étroitement lié à la recherche de la vérité. «Tant que le dossier des martyrs et des blessés de la Révolution n'est pas encore traité, il faut suspendre les tribunaux militaires ou limiter leurs prérogatives et introduire certaines rectifications dans leur plan de travail, sachant que ces tribunaux dépendent du pouvoir exécutif», souligne-t-il. Dans son intervention, Me Abdessatar Ben Moussa, président de la Ltdh, a indiqué que le passage à la démocratie en Tunisie sans la mise en place de mécanismes pour la justice transitionnelle ne peut pas réussir. Dans le même ordre d'idées, Me Ahmed Chekki, avocat, précise que les dossiers des martyrs et des blessés de la Révolution exigent un examen approfondi, alors que les accusés, les suspects et tous ceux qui détiennent tous les éléments, exercent encore leur métier au sein de la direction de la Sûreté nationale et entravent l'action de la justice dans la détermination des droits des victimes de la Révolution. «Les éléments du dossier sont encore incomplets pour entamer le traitement. Le tribunal est appelé à achever les investigations dans les meilleurs délais pour pouvoir parvenir à la vérité», souligne M. Chekki. De l'avis des juristes, le dossier des martyrs et des blessés de la Révolution avec ce qu'il a comme spécificités doit être traité le plus tôt possible en mettant en place une démarche claire et fixer les délais pour les travaux des différentes instances et commissions en charge de ce dossier. Par ailleurs, ils ont mis en exergue l'importance de la participation des composantes de la société civile et non des pouvoirs exécutifs dans le développement du processus de justice transitionnelle.