La contrebande est un phénomène qui concerne tous les pays sans exception. En Tunisie, ce fléau s'est très bien développé, notamment après la révolution du 14 janvier. Un fléau qui affecte négativement l'économie nationale, le pouvoir d'achat du citoyen et sa santé. Pour mettre en exergue ces dangers et sensibiliser toutes les parties concernées quant à la nécessité de lutter contre ces pratiques illicites, le ministère des Finances a organisé, hier à Sfax, une rencontre nationale sur le thème : « La lutte contre la contrebande, responsabilité nationale partagée ». Selon les chiffres rendus publics par le ministère des Finances, ce phénomène s'est aggravé, notamment durant les quatre premiers mois de l'année en cours. En effet, la valeur des produits saisis par la Douane durant ces quatre premiers mois est de l'ordre de 45 millions de dinars contre 42 millions de dinars pour l'année écoulée. Selon le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Finances, les raisons de l'accélération notable du rythme de la contrebande durant les premiers mois de l'année en cours sont multiples : insuffisance au niveau de l'infrastructure de base des points de passage, manque de coordination entre les différentes parties concernées au niveau des points d'accès, apparition de nouvelles pratiques de contrebandiers, notamment ceux des zones frontalières...Le secrétaire d'Etat a détaillé les différentes raisons de l'aggravation de ce phénomène, en oubliant une des raisons les plus importantes, sinon essentielle, à savoir la précarité et l'absence presque totale des projets de développement dans certaines régions. Car, pour mieux comprendre ce phénomène et trouver des solutions durables, il est temps d'aller droit au but. Choisir la solution sécuritaire pourrait être utile. En revanche, opter pour une stratégie globale et cohérente qui prenne en considération tous les aspects, notamment l'aspect socioéconomique, ne peut être que bénéfique aussi bien pour l'ensemble de l'économie nationale que pour toute une chaîne de contrebandiers qui n'ont pas d'autres sources de revenu. Cellule de crise Sur le plan national, le secrétaire d'Etat a rappelé la création d'une cellule de crise regroupant toutes les parties concernées. Cette même cellule a créé un comité regroupant des représentants du ministère de l'Intérieur, du Commerce et des Finances. Disposant de toutes les prérogatives, ce comité a pour mission essentielle la lutte contre la contrebande. Une mission de nature à protéger l'économie nationale contre les méfaits de l'économie souterraine, à préserver les recettes fiscales de l'Etat et promouvoir le pouvoir d'achat du citoyen. Car l'importation et l'exportation anarchiques même si elles créent occasionnellement de l'emploi ne font qu'affecter négativement une économie nationale déjà fragilisée par les répercussions des grèves et des sit-in. Par ailleurs, l'exportation anarchique des produits agricoles et ceux de base subventionnés ont un impact négatif sur les dépenses de l'Etat et sur la maîtrise des prix. Ainsi, ni l'Etat ni le citoyen ne tirent profit de ces pratiques frauduleuses. D'où la nécessité de revoir le cadre réglementaire régissant l'exportation et l'importation de certains produits délicats et la prise de mesures urgentes pour la réglementation de l'exportation de produits agricoles destinés à la Libye.