Face aux changements climatiques et aux impacts des émissions des gaz à effet de serre, il serait aussi impératif que rationnel de repenser dès maintenant nos ressources alternatives pour s'y adapter. Les énergies renouvelables demeurent un choix incontournable. Cette équation est valable dans le domaine du bâtiment, classé troisième en matière de consommation d'énergie en Tunisie. En effet, il consomme plus de 30% des ressources naturelles du pays : un taux qui devrait monter d'un cran d'ici 2030. Dans ces conditions, construire écologique représente le socle de toute une politique architecturale à dimension environnementale et socioéconomique. C'est dans cette logique qu'a été lancé, hier matin, un projet de jumelage relatif à l'éco-construction, engagé entre la Tunisie, la France, l'Allemagne et le Portugal. Cela s'inscrit dans le cadre du programme d'appui à l'accord d'association et au Plan d'action voisinage (P3 All) de l'Union européenne. Un séminaire a été organisé hier à Gammarth par le ministère de l'Equipement sur ce thème. Y ont pris part des représentants des pays partenaires et d'éminents d'experts en génie civil. Ouverte par le ministre de tutelle, M. Mohamed Selmène, cette manifestation vient apporter un «appui à l'administration tunisienne pour le développement de l'éco-construction». Construire bio, n'est-ce pas un retour aux méthodes d'architecture les plus classiques en Tunisie ! D'autant plus que l'exploitation de nouveaux matériaux de construction purement écologiques est, de l'avis des spécialistes, plus économe et encore moins chère. Comment percevoir, aujourd'hui, ces bâtiments verts à la lumière des grands chantiers de logements qui continuent à envahir notre espace urbain? Et quels défis ce nouveau créneau est-il appelé à relever tant en matière d'énergie qu'au niveau des plans d'aménagement urbain ? La réponse semble consister en une stratégie d'adaptation socio-économique aux nouvelles exigences environnementales et aux caprices des changements climatiques qui pourraient, selon les scientifiques, atteindre leur pic dans les cinquante années à venir. Ce projet de jumelage, financé par l'UE à hauteur de 1, 2 million d'euros, s'étalera sur deux ans, de mars 2012 à février 2014. Ses objectifs consistent à renforcer les lois et règles de l'éco-construction et généraliser l'approche écologique en la matière. Côté européen, comme l'a relevé M. Georges Debiesse, chef de projet au ministère français de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, le projet vise à apporter à la Tunisie l'assistance technique et législative requise, d'autant qu'il aide les différents professionnels du secteur à s'engager dans la maîtrise d'ouvrages publics et à renforcer leurs «éco-performances». Pour M. Debiesse, «la Tunisie dispose de certains atouts, des expertises et du savoir-faire traditionnels qu'il faut peut-être consolider et régénérer maintenant... Ces atouts, poursuit-il, se traduisent par une volonté d'engagement dans beaucoup des programmes relatifs à la performance énergétique des bâtiments...». De son côté, M. Sahbi Missaoui, chef dudit projet au sein de la direction générale des bâtiments civils au ministère de l'Equipement, fait remarquer que le fait d'adhérer aux tendances écologiques en matière de construction exige l'adaptation des choix des matériaux. Cela concerne en particulier la conception de l'aspect architectural, l'épaisseur des murs et l'utilisation de matériaux économes et moins polluants. L'objectif est d'économiser de l'énergie et de réduire, autant que possible, les émissions de gaz à effet de serre. L'orateur rappelle à ce propos l'expérience du foyer universitaire réalisé selon ces normes à Tataouine. Il s'agit d'un exemple de construction écologique, avec une capacité de 600 lits, dont la conception (orientation, volume, espace...) n'a plus besoin de climatisation ou de chauffage. «C'est qu'elle garde sa température ambiante en été comme en hiver», explique-t-il.