Durant ce mois de mai, le centre des arts de la marionnette plonge, chaque week-end, son public dans son univers fantastique. Il leur offre un cycle de trois de ses dernières productions, les plus importantes de cette saison, à savoir Mara youem bâda youem (jour après jour) de Hassen Sallami et de Lassaâd Mehouachi, d'après un texte de Nabil Mihoub, ensuite El Rehla (l'excursion) de Imen Adhimi, Amira Trass, Mohamed Ali Ben Hamouda et Hamza Ben Oun et enfin El Kessoua de Hassen Sallemi et Lassaâd Mehouachi Mêmes si ces pièces ont été présentées à plusieurs reprises sur la scène du Centre et d'ailleurs, elles gardent toujours la même fraîcheur. Parlantes ou muettes, ces marionnettes racontent, à leur manière, la vie... A travers le théâtre d'ombre, elles voyagent, au fond des mers, sur la terre et dans les cieux. El Kessoua présentée au public à deux reprises (le 12 et le 20 mai) et qui sera encore programmée, est l'histoire d'un homme qui se trouve un jour face à une boîte étrange qui semble contenir quelque chose de vivant. Ses yeux fixent le regard invisible. La chose semble rouler, sauter, ramper. Le couvercle s'ouvre et «boom», elle se libère ! El Rehla, est un autre jeu d'ombre muet. La marionnette flotte sur les vagues, glisse au tréfonds du grand bleu jusqu'à toucher le fond. Là, elle danse avec les sirènes et des poissons multicolores... Le matin, tout s'envole, le rêve est fini. Cette pièce est la somme des performances des étudiants en arts dramatiques spécialisés dans la marionnette. Après le rêve, on présente le parcours de la vie sur terre : la marionnette paraît recroquevillée, comme une boule. Elle s'étire et s'allonge progressivement, avec des mouvements lents et précis. Ses membres commencent à bouger et elle se met debout, allume le feu, chasse les animaux, cultive la terre... soudain, la musique change de rythme et une forme ressemblant à une baguette de bain se détache de l'ombre et vient se tortiller sous la lumière éclatante. Elle rampe sur le sol, grimpe le long d'une corde et fuit les mains tendues vers elle... « A vous d'interpréter et de deviner l'histoire », lance Hassen Sallami, le directeur artistique du Centre. Mains de fée Jour après jour, qui sera présentée dimanche à 11h00, est une pièce intrigante. Sur la scène, des formes en bois apparaissent, les yeux pétillants et les bouches entrouvertes. Un simple mouvement de tiges et des personnages prennent vie. Dans un château vit une princesse gâtée et narcissique qui sème la terreur dans le royaume. Son père, le roi, répond à tous ses caprices même les plus insensés. Un jour, il lui accorde une alliance avec un sorcier diabolique. Une autre forme en bois, enveloppée dans une sorte de fumée, surgit des ténèbres. La princesse lui ordonne de faire disparaître les papillons du printemps. Trois créatures aériennes de couleurs arc-en-ciel qui la dérangent par leur beauté et leur élégance.... Le sorcier part à la chasse des papillons, traverse les bois et balaye les cieux. Au pied d'un volcan, il réussit à capturer deux de ces créatures voltigeuses et la troisième s'enfuit. Avec l'aide d'un pêcheur et d'un peintre, elle réussit non seulement à sauver ses sœurs mais aussi à gagner la confiance de la princesse qui devient leur amie. Ensemble, elles combattent le méchant sorcier. Beaucoup d'humour, de tendresse et d'amour tintent cette histoire passionnante. La mise en scène est élégante. Elle fascine par la simplicité de son décor, par la beauté de la scénographie et de son jeu de lumière. Du bout de ces tiges, manipulés par Nabila Guider et Mohamed Ali Damak, ces marionnettes bizarroïdes sont à l'aise dans cet espace harmonieux. L'intrigue coule de source et l'émotion y est. Tels des magiciens, ce couple a su transformer ce petit théâtre en une boîte magique d'où émanent les rêves et les espoirs. Leurs voix, douces et musicales, pénètrent, en alternance, les morceaux de bois et les rendent souples et vibrantes de vitalité. Chaque geste éveille une panoplie de sensations diverses ...Un rendez-vous à ne pas rater.