Pour l'équipe de Tunisie, l'enceinte Ben-Jannet de Monastir n'est pas loin de constituer une sorte de terre promise. Confirmation samedi prochain ? Au mois d'août 2011, le team national choisissait de sortir des sentiers battus d'un Radès si cher à Roger Lemerre ou d'un El Menzah en forme d'album de souvenirs, pour se rabattre sur le coquet petit stade de la cité du Ribat. Et il en fut largement récompensé, puisque, outre le large succès (4-2) contre un Mali truffé de talents, la soirée ramadanesque a été un modèle en termes d'affluence du public, de chaleur, d'encouragement et d'ambiance. Comme de plus les Aigles de Carthage ont trouvé dans la cité sahélienne un cadre idéal pour mener rondement leur préparation (infrastructure hôtelière et sportive), il n'en fallut pas plus pour convaincre tout le monde — staffs technique et administratif —, du gros bénéfice à tirer d'un retour là-bas, dans des circonstances aussi importantes que les débuts des éliminatoires de la Coupe du monde «Brésil 2014». Pour une reprise d'activités, avec seulement les deux tiers de l'effectif disponibles, puisque les grands pourvoyeurs de la sélection (EST, ESS, CA, CAB) disputaient le même jour une mise à jour de la Ligue 1, ce n'était pas mal du tout, face à des Amavabi (guêpes, surnom du Rwanda) plutôt fragiles et écrasés (1-5), tout en échappant à une correction encore plus sévère. On eut droit à de l'efficacité, de la fluidité, parfois même du rythme. On découvrit avec plaisir les dons d'impitoyables chasseurs de buts et de «killer» de Hamdi Harbaoui, de retour en sélection cinq ans après, les qualités de percussion et de recherche systématique de la profondeur d'Anis Ben Hatira, auteur d'une belle deuxième période quand il releva Sami Allagui. On a revu à l'œuvre la générosité et le dynamisme de Sabeur Khelifa et le sens inné du but de Issam Jemaâ, lequel y alla de son but habituel dans les 35 minutes qu'il livra. Une période maudite ! Bref, les motifs de satisfaction n'ont pas manqué, même si un joueur comme Bassem Boulaâbi maudira longtemps ce baptême du feu. Sur la vague de sa générosité de débutant, il se blessa gravement en phase offensive en voulant reprendre d'un retourné acrobatique un corner, lui le défenseur central! Résultat : une fracture de la clavicule qui va l'immobiliser entre quatre et six semaines. Une grosse perte non seulement pour l'EN, mais également pour son club, l'ASMarsa. Pourtant, il faut garder les pieds sur terre moins d'une semaine des débuts sur le long chemin du Mondial, contre la Guinée équatoriale, samedi prochain (18h00) à Monastir. Le sélectionneur national Sami Trabelsi est d'ailleurs le premier à l'admettre : «On a senti ce soir de l'envie et du plaisir. La rentrée de Ben Hatira a paré aux dysfonctionnements du milieu de terrain, notamment au niveau de la créativité. Les deux attaquants, Harbaoui et Jemaâ ont trouvé le chemin des filets. Des joueurs comme Saïhi, Boussaïdi, Jemal et Khelifa ont été égaux à eux-mêmes. Il n'en reste pas moins que certains éléments restent physiquement loin du compte. L'attitude la plus sage serait pourtant de tirer les aspects positifs du test rwandais, et de rester vigilant», souligne le patron des Aigles de Carthage. De la vigilance, donc, quand on pense surtout aux dangers que recèle le fait de devoir enchaîner deux sorties officielles, début juin. En effet, cette période de juin-juillet a régulièrement posé des peaux de banane à la sélection, vidée de ses ressources en tout bout d'une saison marathonienne : «Par le passé, on a même accusé des performances catastrophiques au début de l'été», rappelle Trabelsi. Sous le règne de Roger Lemerre, en 2007, la Tunisie a subi la loi du Burkina Faso, à Radès même (1-2). Plus tard, sous la coupe de Bertrand Marchand, elle tombe chez elle (0-1) contre le Botswana. Et c'était toujours cette période maudite retenue pour ces matches que l'on avançait comme alibi : «A-t-on idée de programmer un match officiel un 1er juillet», a-t-on entendu dire dans le cas du revers essuyé face au Botswana, un «Petit poucet» du foot continental. Dans les deux cas, la Tunisie passera par le petit trou de la serrure car elle s'est singulièrement compliqué l'existence avec des faux pas plutôt embarrassants. On espère que ce ne sera pas le cas, les 2 et 9 juin pour le baptême mondialiste. La Guinée équatoriale, agréable surprise de la dernière CAN, qu'elle avait coorganisée avec le Gabon, éliminée en quarts de finale par la Côte d'Ivoire, mérite que les copains de Mathlouthi soient samedi sur leurs gardes. Quand bien même la malédiction du début de l'été est toujours présente à l'esprit de la sélection.