Le joli succès de la Tunisie lundi contre le Maroc (2-1) suscite une vague d'enthousiasme sans précédent On parle même d'euphorie dans les milieux des ‘‘Aigles de Carthage'', capables dans un premier temps de résister à l'attaque placée de la sélection chérifienne avant de porter à celle-ci l'estocade finale sur une balle arrêtée, puis sur un contre limpide. Rarement par le passé début de Coupe africaine n'avait été aussi tonitruant pour eux, compte tenu de la dimension de l'adversaire, de ses arguments et de la rivalité séculaire dans un derby. Il faut sans doute remonter à l'édition 2006, en Egypte, sous la conduite de Roger Lemerre pour trouver trace d'un situation aussi favorable, lorsque les Aigles assurèrent leur qualification pour les quarts en deux temps trois mouvements, c'est-à-dire après les deux premières rencontres de poules. Pourtant, il ne faut pas aller plus vite que la musique et savoir garder les pieds sur terre. Car rien n'est définitivement acquis, le succès au forceps contre le Maroc ne devant point occulter les nombreuses carences persistantes. Incurie offensive Au contraire, le plus dur reste sans doute à faire, quand on pense à l'incurie du secteur offensif tout juste sauvé par un centrage mal négocié par le pourtant expérimenté keeper marocain, Nadhir Lemyaghri, sur le premier but, par le génie de Youssef Msakni, sur le second, mais également par la solidité à toute épreuve au niveau de la récupération et de la couverture. Le sélectionneur national est du reste le premier à l'admettre quand il dit que «mes hommes doivent progresser encore, surtout dans l'approche et la volonté offensives». Le nœud gordien, si l'on veut aller loin. Le team national se montra infaillible au rayon de la volonté, de la solidarité, de l'effort et de la générosité. Il quadrilla parfaitement le terrain, neutralisant les points forts des joueurs d'Eric Gerets. Mais se laissa engloutir par la maîtrise technique et les vagues offensives adverses, subit trop le jeu, courut longtemps derrière le ballon, et, à l'arrivée, s'exposa énormément à la recherche des intervalles et des dédoublements par Chamakh et compagnies. Le bilan de santé s'avère certes contrasté. Mais, c'est déjà cela d'acquis : ce n'est pas aujourd'hui la soupe à grimace. Contrairement par exemple à un Maroc débarqué à Libreville avec le statut de favori pour la victoire finale et qui se retrouve, tout juste après sa première sortie, sous la menace d'une élimination plutôt déconcertante. Le climat de travail compte pour beaucoup à ce point de la compétition. Des exigences inédites Si le check-up incite plutôt à l'optimisme malgré la kyrielle d'insuffisances à résorber en cours de route, soit en pleine compétition, l'approche de la prochaine sortie, vendredi, à 17h00, au stade de Libreville contre le Niger, propose de nouvelles exigences par rapport à la sortie inaugurale : - C'est le Mena qui partira cette fois dans les habits de l'outsider. La Tunisie va devoir faire le jeu et percer la muraille nigérienne que l'on imagine aisément renforcée. La difficulté sera plus grande encore quand on pense à la taille des copains d'Idrissa Laouali, laquelle interdit un jeu par trop aérien. - Sami Trabelsi va devoir réviser la composition de sa section offensive. Devant observer cinq jours de repos pour des douleurs au genou, l'avant-centre Sabeur Khelifa sera relevé par Issam Jemaâ, non utilisé contre le Maroc à titre de précaution. Derrière cette réapparition, tous les équilibres et automatismes vont être remis au goût du jour. Une mise à niveau qui pourrait même engager le choix de nouveaux hommes au regard notamment de la demi-heure de pur bonheur livrée par un Msakni qui avait soif et croqua goulûment dans ces parties d'échecs continentales. - «Le Mena forme un tout. Nos victoires ont scellé une véritable union», observe la vedette du club sud-africain, Platinium Star, Mohamed Chicoto, qui traduit un esprit de solidarité que n'aura sans doute que peu affecté le faux pas de la journée inaugurale. - L'équation physique sera, last but not least, cruciale. Il est permis de se demander si l'immense débauche d'énergie contre le Maroc dans un match hyper-exigeant n'aura pas des conséquences sur la fraîcheur des Aigles, demain, face à des Nigériens aux étonnantes ressources physiques mais un peu frustes techniquement.