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Une histoire à réécrire
Salah Ben Youssef, un crime d'Etat? au Palais de Carthage
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 05 - 2012

Le théâtre de poche du Palais de Carthage, un édifice qui n'a pas servi depuis belle lurette, a été inauguré samedi dernier, dans le cadre des «samedis culturels» du palais. Pour l'occasion, l'événement a pris la forme d'un hommage au leader nationaliste Salah Ben Youssef et aux Youssefistes, par la projection d'un documentaire réalisé par Jamel Dallali et produit par la chaîne de documentaire Aljazeera doc, Salah Ben Youssef, un crime d'Etat?. Ce film d'une durée d'une heure retrace l'historique du mouvement youssefiste et de son leader, depuis sa naissance et jusqu'à son assassinat en 1961 en Allemagne. Il passe également par les rouages historiques d'une discorde entre Salah Ben Youssef et Habib Bourguiba, incarnant chacun une vision différente pour la Tunisie de l'après-indépendance.
L'un des principaux points du clivage fut justement la question de l'indépendance pour laquelle Bourguiba a préféré des négociations avec la France alors que Ben Youssef et ses partisans préféraient la lutte armée contre la colonisation. Plusieurs épisodes du désaccord politique entre les deux hommes se sont succédé jusqu'à l'assassinat de Salah Ben Youssef, commandité, selon les historiens, par le ministère de l'Intérieur tunisien de l'époque avec l'approbation de Bourguiba. D'où le nom du film Salah Ben Youssef, un crime d'Etat?. La reconstitution de la scène du crime, qui a eu lieu dans un hôtel de Francfort en Allemagne, est le fil conducteur du documentaire, construit également à partir d'images d'archives et de témoignages d'historiens et de compagnons de route des deux hommes, avec, comme conseiller historique Mohamed Dhifallah. Le film s'attarde également sur la répression dont ont été victimes les Youssefistes, torturés, emprisonnés et exécutés pour certains, dénigrés comme traîtres de la nation. Après la projection, le président de la République, Moncef Marzouki, a pris la parole pour expliquer que cet épisode sanglant de l'Histoire de la Tunisie est une vraie tragédie qui a semé la discorde parmi les Tunisiens, sur le thème de l'identité. Etant de père youssefiste, il a pu en être témoin. Cette démarche est pour lui un moyen de rendre hommage à tous ceux qui ont été victimes d'injustice, loin du désir de vengeance. «Nous voulons connaître la vérité, pour pouvoir dépasser, pardonner, pour que la réconciliation ait lieu et que l'on apprenne du passé», a-t-il fini par dire. Moncef Marzouki s'est vu décerner, samedi, le blason d'Al Jazeera Doc des mains du directeur de la chaîne qatarie.
Mais ce n'est pas avec la subjectivité d'un documentaire produit par une chaîne étrangère que la vérité sera connue et que la réconciliation aura lieu. Des enquêtes doivent être faites, et les dossiers rouverts, à une échelle plus large que celle des invités du palais de Carthage. De nombreux anciens combattants et fellagas youssefistes, présents parmi les invités, ont tenu à le rappeler, dossiers en mains. Certains n'ont jamais rien reçu de la part du gouvernement tunisien, alors qu'ils ont bénéficié de tous les hommages dans d'autres pays où ils ont combattu, comme en Algérie. D'autres ne savent rien, jusqu'à aujourd'hui, du sort qu'ont connu bon nombre des membres de leurs familles. Le réalisateur tunisien Habib Mestiri a pris la parole pour dire qu'il aurait souhaité que de telles œuvres documentaires soient réalisées avec des moyens locaux, car «c'est une question de souveraineté». Le film peut en effet être considéré comme une version parmi d'autres d'une Histoire à redécouvrir et à réécrire et qui est encore loin de faire l'unanimité. Dans ce sens, des historiens présents dans le théâtre samedi dernier ont émis des avis différents sur certains détails évoqués dans le film. Ce dernier a été débattu dans la dernière partie de la rencontre, après une projection de documents d'archives présidentielles concernant Salah Ben Youssef. Le débat a impliqué le réalisateur Jamel Dallali et son conseiller Mohamed Dhifallah. Il fut de qualité grâce aux questions de Adnene Mansar, porte-parole de la présidence de la République, qui l'a animé et qui apparaît d'ailleurs dans le documentaire. Jamel Dallali a donné plus de détails sur ses choix dans le film, comme le choix des personnes interviewées. Son seul souci, dit-il, est de lever le voile sur cette époque déterminante de l'histoire de la Tunisie, sans y impliquer sa propre position politique. Il fait d'ailleurs suite aux documentaires Moncef Bey, la fin d'un règne et L'assassinat de Farhat Hached, réalisés dans des conditions difficiles avant le 14 janvier 2011, en partie en cachette.
Le projet Salah Ben Youssef, un crime d'Etat?, dont l'idée revient au membre de l'Assemblée constituante pour le mouvement Ennahdha, Ameur Laaridh, «a été accusé de vouloir raviver les rancunes et d'être dans une optique de règlement de comptes», a encore expliqué le réalisateur. «Mais c'est une quête de vérité et d'une Histoire qui nous concerne tous», a-t-il ajouté.
Cette expérience l'a convaincu de la nécessité de créer un observatoire pour collecter tout ce qui concerne cette histoire, afin de reconstruire notre mémoire. Son prochain film concernera une fiction sur la personnalité du chef de l'Armée de libération nationale Lazhar Chraïti, exécuté en 1963, suite au complot de 1962. Jamel Dallali, qui dit avoir fait le film «grâce à Dieu, à la Révolution et aux leaders de la révolution», nous remet les pieds au présent et nous met face à un défi de taille, celui d'arriver au consensus d'écrire une Histoire en cours, puisque la révolution, si révolution il y a eu, a prouvé ne pas avoir de leader, et être portée par des anonymes et de jeunes martyrs, tout comme les fellagas ont donné par leur sang et leur combat une occasion en or à Bourguiba pour entamer des négociations avec les colons et s'attribuer, plus tard, les honneurs du père de l'indépendance. Il faut sans doute rouvrir le dossier du passé, aussi douloureux soit-il, mais il faut également garder un œil sur le présent, où un théâtre est inauguré au palais de Carthage, alors qu'un homme de théâtre git sur un lit d'hôpital après avoir été agressé par des salafistes. Le train de l'Histoire est en marche, et il n'attend jamais personne !


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