TUNIS (TAP) - En ces jours où la Tunisie et l'Algérie commémorent le 54ème anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youssef (8 février 1958, frontières tuniso-algériennes), un film documentaire inédit "Droit de voisinage" vient d'être projeté le 07 février à la maison de la culture Ibn Rachiq en présence notamment du metteur en scène Abdelmajid Oueslati. Après une interdiction de projection pendant 23 ans, le film, libéré de la censure, sort enfin des archives du ministère de la Culture. Produit il y'a près de 32 ans (mai 1979), ce film qui aurait dérangé pendant le régime de Ben Ali, a pourtant coûté à son réalisateur, maints déplacements et contacts avec des parties françaises et italiennes pour avoir accès à l'archive lié à l'époque coloniale. Son objectif était d'exploiter des images vivantes et des propos réels dans ce travail documentaire resté pourtant dans l'oubli sinon prisonnier de la peur de l'histoire et de la vérité. En effet, le film ne fait que montrer le militantisme politique du Leader Habib Bourguiba et ses positions solidaires avec le peuple algérien. En noir et blanc, le documentaire donne entre autres à voir et à entendre avec une grande émotion, les propos forts et courageux de Bourguiba dans un discours à Métlaoui : "il est possible de céder la base militaire de Bizerte au colon français à condition qu'il accorde l'indépendance à l'Algérie". Orientant son regard sur ces moments forts de l'histoire commune du voisinage tuniso-algérien, le réalisateur a eu l'idée de ce film lors d'une mission en 1974 en Algérie au cours de laquelle il avait croisé "Yasminet", qui fut à l'origine de "Droit de voisinage". "Yasminet" est une petite fille algérienne qui, après l'assassinat de ses parents au cours des événements de Batna (l'Est de l'Algérie) s'est dirigée vers l'un des villages à la frontière tuniso-algérienne où elle a été accueilli par une famille tunisienne. Cette scène fut le point de départ de l'oeuvre. Mais l'histoire est beaucoup plus captivante. Le réalisateur avait été fasciné par une exposition que la petite peintre "Yasminet" a dédié à son pays d'accueil. "Pages et images de la Tunisie", était l'intitulé d'un témoignage spontané, sincère et vrai d'une petite fille qui portait la douleur du décès et le bonheur de la vie grâce à la Tunisie. De là naquit l'idée du film pour illustrer les rapports combien étroits entre les deux peuples voisins. Ayant pris quatre années de préparation, ce film d'une durée de 45 minutes constitue un document historique de grande valeur en portant à jour plusieurs aspects d'une histoire de solidarité spontanée entre deux pays. Une référence pareille, espère le réalisateur, mérite d'être numérisé par le ministère de la Culture afin de sauvegarder une partie de la mémoire nationale.