La grève des entraînements observée avant-hier par les joueurs du Club Africain vient rappeler à quel point la crise financière dans le foot pro s'amplifie Au bout du compte, seule l'Espérance de Tunis soutenue par les investissements colossaux de son président, Hamdi Meddeb échappe, à un paralysant tarissement des recettes accentué par le huis clos. Tous les clubs pros — ou presque — en sont passés par là, sacrifiant à un moment ou un autre au moyen le plus convenu et le plus sûr d'exprimer leur impatience et leur colère de voir primes et salaires accuser d'inquiétants retards de versement. Ce moyen consiste en un boycottage des entraînements. De plus, ce n'est pas la première fois que cela arrive du côté du Parc «A». Il n'y a par conséquent plus de clubs intouchables sous ce rapport, ce qui traduit le profond désarroi qui habite aujourd'hui les dirigeants des clubs pros des Ligues 1 et 2. Ceux-ci, constitués en Amicale, voudraient sensibiliser les tutelles sur l'impasse dans laquelle ils s'enfoncent et porter leurs soucis auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports, Tarek Dhiab, et du président de la fédération, Wadii El Jery. Les caisses sont à sec et les états financiers calamiteux. Alors qu'il reste encore deux mois de compétition pour la Ligue 1, dont la dernière journée est fixée au 29 juillet, et un mois en Ligue 2, dont le baisser de rideau se fera le 22 juin, les subsides viennent déjà à manquer et il faudra bien plus que les 200 mille dinars de recettes sur le Promosport servis dernièrement pour maintenir à flot des clubs au bord de l'asphyxie. Les présidents des clubs «pros» réclament présentement une indemnisation sur le manque à gagner généré par le huis clos. On sait, en effet, que les recettes aux guichets constituent un important chapitre dans les budgets de nos clubs, beaucoup plus qu'en Europe où les droits TV sont proprement pharaoniques. Et ce sont les deniers publics, en provenance du ministère et de la fédération, qui se trouvent sollicités pour éviter aux associations la paralysie, voire la banqueroute, tout simplement tant les mécènes et sponsors se sont subitement retirés. Boycott du championnat? L'Amicale présidée par Hédi Benzarti, en vient à brandir la menace du boycottage de la compétition au motif d'un nerf de la guerre qui manque cruellement. Si cruellement, d'ailleurs, que même les contrats conclus par la fédération et devant rapporter de l'argent ne sont plus sûrs d'être respectés. Lundi dernier, la télévision publique avisait l'instance fédérale qu'elle renonçait aux droits exclusifs de la Coupe de Tunisie d'une valeur de 1,3 million de dinars, proposant la résiliation du contrat y afférent. L'inconstance des dates proposées pour cette épreuve a décidé la télé nationale de se passer de ce lot plutôt embarrassant d'autant que personne ne peut jurer que la coupe ira à son terme au regard d'un calendrier de fin de saison démentiel et tout à la fois indéchiffrable. Pourtant, au grand soulagement des clubs, Al Watanya allait faire machine arrière en annonçant mardi qu'elle diffusera un lot de 22 rencontres de coupe. Un lot de 9 autres matches de la même compétition sera décerné après appel d'offres. De quoi bonifier le petit pactole TV. L'Amicale des clubs pros compte, par ailleurs, relancer le projet d'une refonte des structures du Promosport dans le sens d'une représentation au sein du conseil d'administration de cette société. Sans perdre de vue qu'elle va continuer de militer en faveur d'un retour du public dans les stades, même si, dans les circonstances actuelles plutôt agitées, l'annulation du huis clos relève d'un risque inconsidéré que les autorités de tutelle (ministère des Sports et celui de l'Intérieur) ne sont guère prêtes à courir.