La Tunisie négocie aujourd'hui une étape charnière de son histoire avec les élections pour la Constituante. Le football n'est certes pas la priorité absolue actuellement, mais il faudra bien y penser… La trêve record de quatre mois imposée à la compétition a fini par saigner à blanc les finances des clubs d'autant que les recettes au guichet tiennent toujours une place de choix dans les équilibres budgétaires.Comme, de plus, la source de Promosport, des droits TV, des sponsors et des subventions des autorités a tari, c'est l'asphyxie dans quasiment tous les clubs, ce qui les expose régulièrement à des mouvements d'arrêt de travail (grève des entraînements) entrepris par des joueurs pros non payés depuis des mois. Les droits TV, qui représentent en Europe jusqu'à 60% du budget d'un club, plafonnent en Tunisie entre 5 et 10%. Avec les 7,5 millions de dinars tirés de cette manne (contre 3 millions de dinars jusqu'en juin 2008 pour trois lots), ils paraissent chez nous presque dérisoires. A ce sujet, la FTF attend de boucler l'appel d'offres en octroyant dans les prochains jours les deux derniers lots : ceux des deux derniers matches du championnat de Ligue 1 (une mise à prix de 400 mille dinars) et les rencontres de l'équipe nationale (une mise à prix de 600 mille dinars). Des montants qui ne peuvent totalement soulager des associations surendettées.En tout cas, les candidats auront jusqu'à mercredi prochain pour se manifester. Voilà donc le grand défi auquel seront confrontés les dirigeants des clubs et de la fédération dans cette phase où le foot ne va pas sans doute constituer la priorité.Tous les autres volets (recrutements, qualité technique de la compétition, arbitrage...) seront relégués au second plan.C'est d'ailleurs l'idée partagée par les présidents des clubs dont l'Amicale va tenter de prendre le taureau par les cornes en cette étape transitoire. «Un retour progressif du public» A moins de deux semaines de la reprise prévue le 4 novembre,ils rappellent en choeur qu'il n'est pas question pour eux d'une compétition à huis clos qui les priverait des recettes aux guichets et ferait fuir les sponsors. L'Amicale des présidents des clubs pros devrait être confiée à Hédi Benzarti , ancien président de l'Union Sportive Monastirienne.C'est du moins la tendance exprimée par ses membres qui veulent ouvrir l'organisme aux anciens présidents des clubs, pas seulement à ceux qui sont en exercice.Cette exigence de non-retour au huis clos reste donc fondamentale dans l'esprit de l'Amicale même si elle se montre disponible à négocier les détails de cette exigence. Le président de la Jeunesse Sportive Kairouanaise, Fatah Alouini, parlait l'autre jour d'une admission dans un premier temps dans les stades uniquement du public local.Une solution essayée la saison précédente durant une ou deux petites journées. Il propose un accès ouvert uniquement à des supporters «référencés» et dont on possède certaines assurances. «Quoi qu'il en soit, il n'est pas question de reprendre la compétition sans public.Quitte à ce que ce retour des spectateurs dans les stades se fasse progressivement», martèle Fatah Alouini, coprésident de la même Amicale. Cette suspension du huis clos n'en pose pas moins l'épineuse question de la violence dans les stades.Il faut espérer à cet égard que le retour progressif du pays à la normale, notamment au point de vue sécurité des citoyens, mettra en même temps un terme aux débordements dans les stades qui ont atteint un pic à l'occasion des sorties continentales de l'Espérance Sportive de Tunis et du Club Africain. On a renvoyé une décision sur le huis clos pour l'après-scrutin historique de ce dimanche.Toute la famille du football prie afin que toutes les conditions soient réunies pour autoriser un retour du public dans les stades.Car une compétition à H.C. ne rime à rien.Pour qui jouerait-on en fait ? De plus, elle grèverait dangereusement le budget des clubs. On se rappelle que dans la deuxième moitié de la saison dernière, ces mêmes clubs ont consenti le sacrifice de terminer la compétition à H.C.Malgré leurs appels réitérés à lever cette mesure.On comprend que les circonstances empêchaient alors une telle levée.Mais aujourd'hui, les dirigeants tolèreraient mal que ce sacrifice leur soit toujours demandé.Parce que, dans leur esprit, ce serait la banqueroute.Ils feraient faillite et préfèreraient plutôt mettre la clé sous la porte. Mais la révolution ouvre de nouvelles perspectives.Si elle n'a pas de baguette magique pour résorber toutes les difficultés financières, elle n'en appelle pas moins au dialogue et à l'échange afin de surmonter les difficultés et donner le meilleur de soi-même pour le pays.