C'est un pas de plus en faveur du principe de la transparence dans les travaux de l'ANC: les P.-V. des assemblées plénières ainsi que des travaux des commissions seront désormais publiés, la traçabilité des votes est également adoptée. La décision est intervenue hier. Nous sommes en plein dans le concept « open-gov ». La gouvernance ouverte, un concept porté à ses débuts en Tunisie par le trio Jazem Halioui, Mabrouka Mbarek et Houssein Ben Ameur, et qui a été rapidement adopté par nombre de nos concitoyens. Et le groupe fondateur rejoint par des citoyens, des associations, et même par 33 constituants, a pris des formes. La communauté d'open.gov.tn se compte actuellement par milliers sur les réseaux sociaux. Un certain 4 novembre 2011, le mouvement se cristallise autour d'une campagne «Hell», («ouvre», en arabe sur le mode de l'impératif) avec affiches et relais médiatiques à l'appui. Une interpellation à l'ANC, pour inciter la très honorable institution du Bardo à ouvrir ses portes et ses débats au public. C'était au moment décisif de la rédaction du règlement intérieur. Cette campagne avait divisé les constituants eux-mêmes, entre ceux qui sont pour l'ouverture et la transparence et ceux qui sont contre. Tant et si bien que certains constituants, convaincus par la cause de l'open-gov, ont posé les affiches en noir et blanc sur leurs pupitres. Au final, ceux-là ont eu le dernier mot. Les adeptes du « Confidentiel » et des huis clos, eux, n'ont pas été écoutés. A la bonne heure ! Seulement voilà, objecte Jazem Halioui, «entre ce qui a été adopté et ce qui est mis en pratique, il y a un décalage. Si les plénières sont retransmises par la télévision nationale, les P.-V. des réunions ne sont pas publiés. Sans parler des mécanismes défectueux des votes». En effet, la méthodologie des votes adoptée au départ ne permet pas de savoir qui vote quoi, mais permet en revanche aux constituants absents, miraculeusement, de voter, grâce à la complicité de leurs collègues présents. Une aberration qui a défrayé la chronique, et suscité colère et sarcasmes de la part de l'opinion publique. Du coup, le mouvement a décidé de remobiliser ses troupes, et voilà que la campagne Hell 2 (ouvre bis) bat son plein. La gouvernance ouverte est en bonne voie Le très actif groupe gov a en effet saisi l'ANC et envoyé des doléances ; des représentants ont été reçus fin mai par Mustpha Ben Jaâfar lui-même, et par Karima Souid, en sa qualité d'assesseur du président de l'ANC, en charge des relations avec les médias. Tout juste hier, s'est tenue une autre réunion qui a fini par consolider des recommandations adoptées antérieurement ; en plus de la communication des PV des plénières, et ceux des travaux des commissions, il y a eu accord sur l'actualisation du site de l'ANC, et sur la traçabilité des votes. En clair, avec la publication des PV, seront communiquées les listes des votants, les constituants présents, ceux absents, accompagnés des justificatifs des absences, s'il y en a ! Pour ce qui concerne la couverture des travaux des commissions, requête des « open-goveurs », elle sera rejetée. Le règlement intérieur autorise seulement les journalistes d'assister et couvrir les travaux des commissions constituantes. Seulement, déclare encore Karima Souid, députée d'Ettakatol, il faut savoir que nous avons un déficit budgétaire pour le recrutement, c'est pourquoi les publications des P.-V. sur le site de l'ANC sont en retard. Il va falloir recruter des gens, trouver un local, augmenter le débit. Mais rassure-t-elle, le Pnud, organisme relevant des Nations unies, est mis à contribution et va prendre en charge une partie du financement. Un financement que j'attends avec impatience, conclut-elle. Ce mouvement de l'open-gov, fait de la veille et surveille. Une veille qui a porté ses fruits. Les citoyens tunisiens suivront de près la rédaction de leur Constitution qui réglera leurs vies et celles de leurs enfants pour longtemps, espérons-le. Il faut dire aussi que du côté du Bardo, tout porte à croire que la bonne volonté existe pour travailler au grand jour.