La langue turque sera effectivement introduite dans l'enseignement, dès la prochaine rentrée. Mais ce sera à titre optionnel et dans l'enseignement du cycle secondaire, nous confirme le ministère de l'Education. Les troisième et quatrième années secondaires sont concernées par cette expérience pilote qui se limitera à son démarrage à trois grandes zones, la capitale en plus des deux villes du Nord et du Cap Bon, respectivement Bizerte et Nabeul. En plus des cinq langues étrangères enseignées au cours du cycle secondaire, à savoir l'italien, l'espagnol, l'allemand, le chinois et le russe, la langue d'Atatürk s'est ajoutée à la liste, à raison de trois heures par semaine pour les élèves qui l'auront choisie. L'enseignement se cantonnera au cours de sa phase expérimentale à un nombre limité d'élèves et de lycées, nous précise encore Hmida El Hedfi, directeur général du cycle préparatoire secondaire au ministère de l'Education. Ils sont environ 280 élèves à avoir exprimé leur volonté d'apprendre le turc. Un chiffre appelé à baisser, prévoit le directeur général, qui, par expérience, affirme qu'entre le souhait du départ et le suivi réel de l'apprentissage, il y a toujours des élèves défaillants. Ni langue vivante, ni étendue dans le monde, pourquoi donc le turc ? L'information au sujet de l'apprentissage de cette langue a été donnée par le ministre de l'Education, Abdellatif Abid, le 3 juin dernier, en présidant une cérémonie de remise des prix du concours national d'encouragement à la lecture. Info qui n'a pas manqué de faire des vagues. Quand les uns y ont vu un choix intempestif, sans réelle stratégie le motivant, ni volonté d'information de l'opinion publique, les autres ont brandi l'accusation d'une orientation politique du système éducatif national. L'annonce du ministre a été faite un peu par hasard minimise le directeur général : le ministre avait lancé à l'adresse des élèves gagnants «qu'en plus des trois langues utilisées dans le concours; l'arabe, le français et l'anglais, il est fort possible que l'année prochaine, une autre langue soit ajoutée, le turc». De plus, ajoute, M. El Hedfi, l'apprentissage du turc participe de cette volonté d'ouverture sur les civilisations nouvelles et autres cultures. «Pourquoi enseignons-nous le russe par exemple, je ne saurais pas vous répondre», dit-il ! Les étudiants tunisiens dans les universités russes pourraient, eux, l'expliquer. Ce projet de coopération initié entre les deux ministères de l'Education des deux pays, Tunisie et Turquie, a été suggéré par le président Abdullah Gül au mois de mars dernier lors de sa visite du collège Sadiki. C'est la Turquie qui se chargera de financer les trois professeurs, tout au plus, chargés de l'enseignement de leur langue dans notre pays. Aucun budget n'est prévu à cet effet, côté tunisien, certifie le directeur général. De plus, les autorités turques ont fait part de leur intention d'accorder au démarrage de la future session scolaire, 40 bourses destinées aux étudiants et bacheliers tunisiens. Certaines universités du pays du Bosphore étant selon M. El Hedef, bien classées dans le palmarès universitaire mondial. Dans le même cadre de réciprocité, apprend-on, il est prévu que des professeurs tunisiens enseignent l'arabe en Turquie. Un projet non encore finalisé, toutefois. La rumeur persistante relative à l'enseignement du turc comme matière obligatoire dès les petites classes est ainsi officiellement démentie. Il reste qu'à chaque nouvelle annonce faite par un membre du gouvernement, de manière fortuite, au détour d'une phrase, en marge d'un événement, laisse l'opinion publique perplexe en plus du fait de donner libre cours aux rumeurs de courir et de s'amplifier. Savoir communiquer, clairement et à temps, relève également de la bonne gouvernance.