Ettakatol prend ses distances et veut s'affirmer en tant que parti politique qui cherche à agir sur son présent et à préparer son avenir dans la perspective de la prochaine échéance électorale prévue en mars 2013. Ainsi, Ettakatol, parti d'opposition du temps de Ben Ali, s'est mué en parti au pouvoir après les élections du 23 octobre 2011. En effet, Ettakatol s'est engagé dans un partenariat triangulaire avec Ennahdha et le CPR. Partenariat qu'il considère comme «destiné à éviter, à tout prix, toute bipolarisation politique». Cette coalition avec la Troïka étant transitoire, Ettakatol compte se reconstruire et se repositionner en vue du prochain rendez-vous électoral. Depuis deux mois et suite aux élections du bureau politique (B.P.), un secrétariat permanent du parti a été constitué et se réunit tous les quinze jours afin de concrétiser les décisions du B.P. Partant, et dès le 18 juin, la direction et les barons du parti, ainsi que les constituants des régions, comptent effectuer des déplacements et des visites à l'intérieur du pays pour renouer le contact avec la base et raffermir le corps de ses partisans et sympathisants, notamment après le feuilleton des démissions de cadres, de responsables et de constituants d'Ettakatol. Rapprochement avec des partis de la mouvance social-démocrate D'autre part, et pour mieux préparer l'avenir, Ettakatol a entamé des contacts avancés avec des partis qu'il considère comme appartenant à sa propre mouvance social-démocrate. Cela dans un but de rapprochement et de regroupement. Cela vaut pour l'aile dissidente de l'ex-PDP, plus connu sous l'appellation de «courant réformateur» et, également, le Parti du travail tunisien (branche Ali Romdhane). Mais ces tentatives de rapprochement seront mijotées, croyons-nous savoir, sur un feu doux afin d'éviter toute précipitation et d'instaurer une certaine stabilité entre les différents partenaires. En tout état de cause, Ettakatol creuse, ainsi, son propre sillon en prélude à «un rôle de fédérateur autour de l'idéal social-démocrate». «La Troïka tiendra-t-elle jusqu'aux prochaines élections ?» Ettakatol est, rappelle-t-on, membre de l'Internationale Socialiste et, à ce propos, nous croyons savoir que ce parti est pressenti pour jouer un rôle important au sein de ce forum socialiste mondial et occuper, ainsi, un poste de premier plan, lors du prochain congrès de l'Internationale Socialiste prévu en septembre 2012. Toute la question est de savoir, maintenant, comment sera perçu le changement de cap d'Ettakatol par ses propres partenaires au sein de la Troïka. Au fait, la Troïka tiendra-t-elle jusqu'aux prochaines élections ? Mustapha Ben Jaâfar, président d'Ettakatol, jouit d'une notoriété au sein de l'Internationale Socialiste et au sein des institutions européennes. Nous avons appris, de source digne de foi, que lors de la dernière visite de Ben Jaâfar à Bruxelles, le président du Parlement européen, Martin Schulz, lui a assuré «qu'il est l'ami d'hier et l'allié d'aujourd'hui». Le président de la Commission européenne des Affaires étrangères a estimé, pour sa part, que «Ben Jaâfar est le garant de la démocratie en Tunisie». Est-ce là l'un des axes du repositionnement d'Ettakatol dans le paysage politique ? Un repositionnement qui laisse la porte ouverte à toutes les éventualités. L'avenir nous le dira.