Moscou (Reuters)- Le Président russe Dmitri Medvedev a tendu la main aux Occidentaux hier à Moscou lors du défilé de la Victoire de 1945, auquel participaient pour la première fois des détachements de quatre pays de l'Otan. La Chancelière allemande Angela Merkel et le Président chinois Hu Jintao étaient présents aux cérémonies mais Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, avaient annulé leur participation en raison de la crise de l'euro. Dans son allocution du 65e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, Dmitri Medvedev a exhorté les puissances mondiales à s'unir pour la défense de la paix et a expliqué sa décision d'inviter des soldats de l'Alliance atlantique à défiler sur la place Rouge. En février, le Président russe avait pourtant approuvé la nouvelle doctrine militaire de la Russie qui présente l'élargissement de l'Otan comme une "menace nationale". Sous un soleil radieux, des détachements américain, français, britannique et polonais ont participé dans la matinée au défilé militaire sous les murs du Kremlin, aux côtés de 11.000 soldats russes, pour la cérémonie la plus imposante de ce type organisée à Moscou depuis la chute de l'URSS il y a près de vingt ans. A l'opposition communiste et aux anciens combattants de l'Armée rouge qui ont critiqué la décision d'inviter des troupes occidentales, Medvedev a répondu que la Seconde Guerre mondiale avait enseigné au monde une leçon "d'unité et de solidarité" face au nazisme. Cette leçon, a-t-il souligné, est toujours valable aujourd'hui face aux menaces contre la paix. "Aujourd'hui, au cours de ce défilé militaire, des soldats russes, des soldats venus de pays de l'ancienne Union soviétique, des soldats appartenant à des puissances alliées marchent ensemble, en un seul bloc qui prouve notre détermination commune à défendre la paix", a dit le chef du Kremlin. Le drapeau de "Normandie-Niemen" Le Président américain Barack Obama, qui n'a pu se rendre à Moscou en raison d'un emploi du temps trop chargé, a salué l'initiative de son homologue russe. L'armée britannique était représentée par des Welsh Guards, les Gallois de la garde coiffés du traditionnel bonnet à poil, les Américains par un détachement de 70 hommes de la 170e brigade d'infanterie. La France avait envoyé un détachement de l'armée de l'air, autour du drapeau de l'ancien groupe de chasse Normandie-Niémen, légendaire formation de Français libres qui a combattu aux côtés de l'Armée rouge entre 1942 et 1945. Cette unité a été "mise en sommeil" l'an dernier mais pourrait être reconstituée prochainement. La Pologne, qui a rejoint l'Otan, était représentée par les 75 soldats de son bataillon de représentation. Pour marquer cette volonté d'unité, 1.200 musiciens de plusieurs fanfares militaires, dont les Français de la musique principale de l'armée de terre, ont joué à la fin du défilé "l'Ode à la joie" de la 9e symphonie de Beethoven. Cent vingt-sept appareils — hélicoptères, chasseurs, bombardiers, avions de reconnaissance et de ravitaillement — ont participé au défilé aérien, survolant à basse altitude le centre de Moscou. Après la cérémonie, le Parti communiste, la première formation de l'opposition, a organisé une manifestation pour dénoncer la présence de troupes de l'Otan sur la place Rouge, où se trouve le mausolée de Lénine. "Gloire au grand Staline", scandaient les manifestants. Des défilés marquant la fin de la "Grande Guerre patriotique" ont été organisés à travers toute la Russie, mobilisant au total plus de 100.000 hommes. En Ukraine, à Sébastopol, port d'attache de la flotte russe de la mer Noire, c'était également l'occasion de fêter le maintien de la marine russe dans la région jusqu'en 2042, à la suite du récent accord conclu entre le Kremlin et le nouveau Président ukrainien Viktor Ianoukovitch.