Le Temps-Agences- L'accord controversé sur le maintien jusqu'en 2042 de la flotte russe en Crimée a été ratifié hier par les Parlements ukrainien et russe, lors d'un vote émaillé d'incidents à Kiev où l'opposition pro-occidentale s'inquiète ouvertement pour la souveraineté du pays. A Moscou, la ratification a été votée dans le calme par la Douma (chambre basse du Parlement) par 410 voix pour et aucune contre. Le texte doit être examiné aujourd'hui --et très probablement adopté-- par le Conseil de la Fédération (chambre haute). En Ukraine en revanche, le vote s'est déroulé dans une atmosphère houleuse, obscurcie par des fumigènes lancés dans l'hémicycle. Une série d'incidents, dont des accrochages entre députés, ont semé un temps la confusion dans l'enceinte du Parlement. Le président du Parlement Volodymyr Litvine, cible de jets d'œufs, a été contraint de poursuivre la séance en s'abritant sous deux grands parapluies noirs. Malgré ces péripéties, 236 des 450 députés ukrainiens ont approuvé et validé l'accord, qui prévoit le maintien jusqu'en 2042 de la flotte russe de la mer Noire stationnée en Crimée (sud de l'Ukraine). Le président russe Dmitri Medvedev a aussitôt salué cette décision. "Cela montre que la raison l'emporte et que les intérêts stratégiques de l'Ukraine l'emportent sur les émotions", a-t-il déclaré à Oslo. Dans la matinée à Kiev, plusieurs milliers d'opposants pro-occidentaux s'étaient rassemblés, clamant "La Crimée est à nous" ou encore "La flotte de Moscou, dehors !" Quelque 400 militants pro-russes ont aussi défilé en soutien à l'accord à Sébastopol, ville de Crimée où est située la base russe. La ratification parlementaire fait suite à l'accord conclu mercredi dernier entre le président russe et son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch. Il prévoit une prolongation de 25 ans du bail de la base de la flotte russe de la mer Noire en Crimée, qui devait expirer en 2017. Kiev obtient en échange un rabais de 30% sur ses importations de gaz russe, ce qui devrait constituer une véritable bouffée d'oxygène pour ce pays mis quasiment à genoux par la crise économique. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine, en visite à Kiev dans la nuit de lundi à mardi, n'a pas caché que Moscou entendait encore accélérer le spectaculaire rapprochement opéré avec Kiev depuis l'élection d'Ianoukovitch à la présidence en février.